Connaissez-vous les grands procès de l’Histoire résolus grâce à l’imagerie ? Les premiers tubes à rayon X ont décelé une lettre piégée, des clandestins dans un camion, un port caché d’arme à feu. Et l’affaire Ruxton, cette épouse disparue dont le corps fut identifié grâce à des superpositions entre des photographies du crâne retrouvé et de la victime supposée ? Saviez-vous qu’Adolf Hitler fut identifié grâce aux photographies de ses dents ? L’analyse des fractures d’Henri IV fut réalisée grâce à l’imagerie. Voyez-vous ce tableau caché dans le tableau de Van Gogh ? (Fig. 1).
Et vous souvenez-vous de ces footballeurs adultes qui jouaient en section junior ? L’imagerie forensique est un travail d’équipe entre le médecin légiste et le radiologue. Le passé, mais aussi le présent, n’ont plus de secret pour l’imagerie forensique. Elle permet de décrire la longueur minimale et maximale d’un coup de couteau, son angle dans les différents axes et ainsi de participer à des reconstitutions chez un patient vivant ou décédé. Hélas, il n’y a pas que les armes tranchantes, mais aussi les coups de feu, les rixes, les strangulations... Un seul coup peut-il provoquer toutes ces lésions ? Est-ce une chute ? Quelle est l’arme du crime ? Une hache ? Un rasoir ? L’imagerie permet de reconstituer la chronologie du crime.
Nous connaissons tous l’application médico-légale, sportive et médicale de l’évaluation de l’âge. Cette estimation se fait grâce à l’examen clinique, les mesures anthropométriques et la maturation sexuelle, associés à la radiographie de la main et du poignet, un examen dentaire ou un scanner claviculaire si la maturation osseuse de la main est complète.
Avec le principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable), l’IRM du poignet et de la clavicule prend de plus en plus sa place dans cette analyse. Mais d’autres questions se posent devant la variabilité de cette technique : quelle séquence utiliser pour mettre en évidence le noyau d’ossification, quel plan, quel champ magnétique ? L’estimation de l’âge des migrants en IRM est utilisée en routine en Suède.
Aujourd’hui avec l’imagerie 3D, on peut se promener sur la scène de crime grâce à des scanners de haute résolution, reconstruire un modèle 3D de la victime avec la photogrammétrie. Cette imagerie du futur a sa place dans la situation géopolitique avec l’identification des victimes et des suspects dans la lutte contre le terrorisme, les catastrophes naturelles, les problèmes de migration et d’âge. L’IRM, grâce à la diffusion, va-t-elle pouvoir aider le médecin à dater un infarctus ? La tractographie pourra-t-elle aider le médecin à préciser les dommages sur un cerveau traumatisé en balistique ? Le scanner avec reventilation pourra-t-il aider à identifier le trajet d’une balle dans un poumon ventilé et non plus collabé ? La spectrographie pourra-t-elle nous aider à déterminer le moment de la mort grâce à l’identification des métabolites ? Les radiologues et les médecins légistes sont-ils les Sherlock Holmes modernes ?
Rivka Bendrihem
Caen