Body scanner : lésions à ne pas rater !

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Body scanner : lésions à ne pas rater !

Auteur(s) : 
Lucy Di Marco

Trois orateurs se succèdent lors de cette séance de cas cliniques interactifs autour de lésions découvertes à la lecture (ou relecture…) de body scanners réalisés dans le cadre de bilans d’accidents de la voie publique.

A. Le Bras (Rennes) a précisé que quelques pétéchies sur un scanner encéphalique dans un contexte de traumatisme crânien TC grave (Glasgow Coma Scale <8) traduisent la présence de lésions axonales diffuses (LAD) pouvant être responsables d’un coma. Un scanner encéphalique normal n’élimine pas des LAD et l’IRM de susceptibilité magnétique (SWI, Susceptibility Weighted Imaging) permet une détection bien plus importante que le scanner des LAD.

En outre, un traumatisé crânien est un traumatisé rachidien ou médullaire, jusqu’à preuve du contraire. Il est donc recommandé de ne pas déroger au besoin de résolution spatiale (FOV adapté) et au temps artériel sur le rachis cervical afin d’éliminer une dissection des TSA, en particulier en cas de fracture d’un condyle occipital ou d’un foramen transversaire. Un syndrome médullaire avec scanner normal doit faire réaliser une IRM médullaire en urgence.

B. Plateau (Clermont-Ferrand) a ensuite présenté un cas de traumatisme splénique de haut grade avec hémopéritoine sans saignement actif, ayant bénéficié d’une embolisation proximale afin de favoriser la cicatrisation et de prévenir un saignement secondaire (différente d’une embolisation distale à visée principalement hémostatique) ainsi qu’un cas d’hémopéritoine sans lésion des organes pleins, devant faire suspecter des traumatismes du tube digestif et du mésentère parfois révélés secondairement par une perforation digestive (intérêt du « seat belt sign » et du « Janus sign »).

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Figure 1 : Luxation cardiaque au scanner : Désaxation du cœur (lévocardie) sur plaie péricardique et déformation des contours des ventricules.

U. Scemama (Marseille) nous a décrit un cas d’épanchement péritonéal post-traumatique (uropéritoine) témoignant d’une rupture vésicale sans fracture de l’anneau pelvien. Il a rappelé l’importance d’un cystoscanner en complément du body scanner, en particulier en cas d’hématurie ou de fracture de l’anneau pelvien, en pratique difficile à mettre en place du fait de l’absence de sonde urinaire à l’arrivée au scanner. Il a ensuite présenté un cas de traumatisme thoracique non pénétrant, avec contusions pulmonaires associées à un faux anévrysme antérieur du ventricule gauche. Il est en effet indispensable de s’attarder non seulement sur l’analyse de l’isthme aortique, mais aussi du cœur en cas d’anomalies ECG ou d’élévation de la troponinémie devant la variété des anomalies décelables (contusion ou rupture myocardique, épanchement péricardique, tamponnade, luxation cardiaque (Fig. 1), lésions valvulaires ou coronaires, en particulier de l’artère interventriculaire antérieure – 2% des traumatismes thoraciques non pénétrants). Au total, une lecture attentive et une relecture en journée des body scanners avec utilisation de coupes MPR multiplanaires est plus qu’utile dans la pratique quotidienne pour éviter de passer à côté de lésions potentiellement fatales.


Lucy Di Marco
Polyclinique du Val de Saône, Mâcon