Tomosynthèse : un sujet brulant d’actualité

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Tomosynthèse : un sujet brulant d’actualité

Auteur(s) : 
Marie FLORIN

Aujourd’hui, la tomosynthèse facilite la vie du radiologue et s’est fortement développée en France ces dernières années, sans l’élaboration de guidelines. Sa place au sein du dépistage organisé (DO) n’est clairement pas établie et devient un enjeu de santé publique.

À l’heure actuelle, ses performances sont reconnues, avec un apport diagnostique évident. Elle permet une meilleure détection des anomalies : les études ont montré que deux à trois cancers étaient détectés en plus sur 1000 femmes dépistées avec la tomosynthèse, ainsi qu’une diminution du taux de rappel. Le problème de la double irradiation peut être soulevé. Cependant, La 2D synthétique a montré son efficacité et reste peu irradiante, à tel point que la FDA aux États-Unis l’accepte comme alternative à la mammographie numérique (Fig. 1).

En France, une étude multicentrique ETOLE est organisée pour comparer la mammographie seule à la mammographie synthétique + tomosynthèse en diagnostic afin de réduire l’irradiation en évitant la double exposition et de l’incorporer dans notre dépistage organisé. Il reste aussi à définir des sous-groupes de patientes en fonction de l’âge, des facteurs de risque, du parcours des patientes, pour qui la tomosynthèse aurait sa place dans le dépistage personnalisé.

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Figure 1 : Image de gauche : mammographie numérique. Image de droite : imagerie synthétique. Distorsion du quadrant interne mieux visible sur l’imagerie synthétique.

Pour s’assurer du bon réglage et de l’optimisation des appareils, un contrôle qualité externe indépendant est nécessaire. Celui du système 2D est déjà réalisé mais ne peut être appliqué à la tomosynthèse (rotation du tube, reconstruction informatique, calibration du détecteur différente…).

Un protocole a été rédigé par le groupe EUREF et publié depuis avril 2015, permettant une cohérence entre les documents et d’éviter les empilements de normes et de protocoles. En France, le protocole de l’EUREF aurait été modifié par l’ANSM lors de la traduction, ne garantissant plus la qualité des investissements pour les radiologues.

La tomosynthèse est de plus en plus utilisée et il est aujourd’hui urgent d’établir des recommandations et de l’incorporer dans le DO, sans casser le programme de santé publique. Cette réorganisation, qui prendra un certain temps, nécessite trois prérequis : contrôle qualité des appareils, formation des radiologues, recommandations de bonnes pratiques. Elle devient nécessaire afin de stopper les phénomènes actuels : hétérogénéité des pratiques, dépistage individuel à deux vitesses.


Marie Florin
CHU Pitié-Salpêtrière, Paris