Le titre de spécialiste en radiologie, fondé sur un cursus bien défini, existe en Suisse depuis 1939. Depuis 1998, l’accès aux études de médecine est limité par un test d’aptitude assorti d’un numerus clausus. Le taux de réussite à ce test est de 30%. Les études de médecine durent 12 semestres et sont sanctionnées par un master. Une fois le diplôme de médecine en poche, le choix de la spécialisation ne fait actuellement l’objet d’aucune restriction au niveau fédéral. Le médecin en voie de spécialisation répartit lui-même son activité entre différents établissements de formation postgraduée (services hospitaliers ou cabinets privés de radiologie). Toutefois, les principaux hôpitaux universitaires ou cantonaux proposent, en collaboration avec d’autres hôpitaux, des parcours complets pour toute la durée de la formation.
En 2010, la durée de la formation postgraduée en radiologie est passée à cinq ans. Le programme de formation pour le titre de spécialiste présente le champ de définition de la spécialité, les objectifs pédagogiques généraux et de spécialité, les critères d’évaluation formative et sommative, ainsi que le règlement d’examen et les critères de classement des établissements de formation postgraduée. Les objectifs pédagogiques généraux couvrent des matières telles que l’économie de la santé, l’éthique médicale, le cadre légal, etc. Les objectifs pédagogiques de spécialité se divisent en objectifs quantitatifs et qualitatifs. Les objectifs quantitatifs fixent, pour chaque procédé d’imagerie, le nombre d’actes qu’un candidat doit effectuer dans les différentes disciplines de la radiologie. Les objectifs qualitatifs recouvrent les matières de base (physique, radiobiologie, radioprotection, pharmacologie, radioanatomie, etc.), compilées dans un « catalogue des matières », ainsi que les connaissances radio-cliniques requises par le cursus de l’ESR. L’évaluation formative des performances d’un candidat passe par les entretiens d’évaluation semestriels, et par des évaluations écrites sur le lieu de travail qui ont lieu au moins deux fois par an. L’évaluation sommative consiste en un examen de spécialité en deux parties. La première partie, que les candidats passent généralement durant leur deuxième année de formation, est un questionnaire à choix multiple (QCM) testant les objectifs pédagogiques généraux ainsi que les bases de l’enseignement de spécialité. La seconde partie de l’examen se compose d’une épreuve écrite et d’une épreuve orale. Sur la base de deux études de cas, chaque candidat à l’oral est examiné sur ses connaissances en radiologie musculo-squelettique, pédiatrique, cardiovasculaire, gastro-intestinale, urogénitale, thoracique, et en neuroradiologie. Les tests écrits portent sur l’ensemble des disciplines de la radiologie, y compris leurs bases cliniques et physiopathologiques. Le taux de réussite à l’examen se situe autour de 70% pour la première partie, et de 90% pour la seconde.
Parmi les sous-spécialités radiologiques, désignées en Suisse par le terme de « formations approfondies », on distingue la radiologie pédiatrique, la neuroradiologie diagnostique et la neuroradiologie invasive. Chacune de ces formations approfondies s’accompagne de deux années d’études supplémentaires et d’un examen de validation. La formation approfondie en neuroradiologie invasive requiert la validation préalable de la formation approfondie en neuroradiologie diagnostique. Pour toutes les autres sous-spécialités, la SGR-SSR reconnaît les cursus de l’ESR pour autant qu’ils soient sanctionnés par un examen.
Les radiologues diplômés en Suisse bénéficient d’une formation de très haute qualité. À travers des objectifs précis et des contrôles formatifs et sommatifs réguliers, le cursus en cinq ans assure qu’après l’obtention du diplôme, un radiologue est capable d’assumer de façon autonome la permanence radiologique d’un hôpital en dehors des horaires de service habituels. Il est prévu d’intégrer davantage d’Entrusted Professional Activities (EPA) à l’avenir. Cette évolution se fera au détriment des objectifs quantitatifs, c’est-à-dire du nombre d’examens médicaux à valider, qui ont encore la priorité à l’heure actuelle. Cela illustre bien la démarche de la Société suisse de radiologie, qui estime que c’est en faisant continuellement évoluer son programme de formation postgraduée qu’elle pourra maintenir – voire renforcer – son niveau d’excellence.
Stefan DUEWELL
Responsable du pôle Formation postgraduée et continue de la SGR-SSR, Directeur Radiologie, Spital Thurgau, Médecin-chef de service, Hôpital Frauenfeld