De nombreux sujets passionnants ont été abordés lors de cette session.
G. Srimathveeravalli, ingénieur biomédical, a entamé la session en détaillant les différents mécanismes des modalités d’ablation tumorale. Il a rappelé que les méthodes par destruction thermique diffèrent par leur mode d’action. Les ablations par micro-ondes produisent de la chaleur par induction d’un champ électromagnétique, réchauffant sélectivement les molécules d’eau alors que l’ablation par radiofréquence agit par un courant électrique générant un réchauffement ionique. Ainsi, la pertinence des techniques diffère selon le type de tissu à traiter, en fonction de ses conductions électrique, thermique et sa composition en eau.
Dans une seconde partie, P. Wiggermann a relaté son expérience de l’assistance pour le placement des aiguilles d’ablation, à l’aide de technologies de guidage et de la robotique. Avec un positionnement robot-assisté des aiguilles d’ablation percutanée, différentes études montrent une diminution drastique du temps de procédure, de la dose de rayonnement auquel est exposé le patient, et une meilleure précision du positionnement des aiguilles, comparativement à un positionnement manuel des aiguilles. L’utilisation de robot est particulièrement pertinente pour les procédures longues où plusieurs aiguilles doivent être mises en place, de façon strictement parallèle, comme pour l’électroporation irréversible (Fig.1). Une des évolutions potentielles de cette technique serait l’imagerie en temps réel de la mise en place de l’aiguille ainsi que l’évaluation de la zone d’ablation, par combinaison de la robotique et des ultrasons.
H. Takaki a détaillé ensuite les travaux remarquables menés dans le domaine de l’immuno-modulation liée à l’ablation tumorale. Lors d’une destruction tumorale, la tumeur libère des antigènes tumoraux, ce qui déclenche une présentation de ces antigènes par les cellules dendritiques aux lymphocytes T cytotoxiques, qui sont alors activés pour détruire d’autres cellules cancéreuses. L’ablation tumorale induit donc une accélération du cycle immunitaire du cancer, par un « abscopal effect ». Les travaux de H. Takaki consistent en la recherche de méthodes permettant de stimuler ce cycle immunitaire, en augmentant la présentation des antigènes tumoraux, ainsi qu’en bloquant l’échappement immunitaire des cancers. Par exemple, une étude sur modèle murin a montré que la combinaison d’une ablation tumorale à l’injection de cellules dendritiques activées améliorait l’effet sur le volume tumoral.
O. Gallinata a poursuivi en présentant ses modèles mathématiques de prédétermination numérique des zones d’ablation en électroporation irréversible. A l’aide des imageries pré et per-intervention, on détermine la zone prévisible d’ablation tumorale en électroporation, que l’on compare a posteriori avec les IRM post-intervention. Ces techniques pourraient avoir une utilité pour le placement des aiguilles.
Enfin, J. Durack a détaillé plusieurs méthodes innovantes d’évaluation immédiate des marges d’ablation. Par exemple, l’utilisation d’un FDG-PET-scanner pré et post-procédure immédiat peut prédire l’efficacité de l’ablation selon la persistance ou non d’une activité. La biopsie de la zone d’ablation en fin de procédure, avec analyse extemporanée à la recherche de tissu tumoral viable, est également un facteur évident et performant d’efficacité du traitement.
Rémi AGBONON
Hôpital Européen Georges Pompidou