Malrotations, Meckel, duplications : un incontournable chez l’enfant, savoir y penser chez l’adulte

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Malrotations, Meckel, duplications : un incontournable chez l’enfant, savoir y penser chez l’adulte

Auteur(s) : 
Anne-Laure Hermann

Cette session, organisée en collaboration par la SFIPP et la SIAD, a été animée par des binômes radiopédiatres-radiologues adultes digestifs.

Tout d’abord un rappel embryologique indispensable : l’intestin subit en conditions normales une rotation horaire de 270° avec en position anatomique normale une racine du mésentère longue oblique de haut en bas et de gauche à droite. L’absence de rotation résulte en un mésentère commun complet, tandis qu’une rotation incomplète, du fait d’une racine courte du mésentère, est à risque de complications (volvulus du grêle et brides de Ladd), le plus souvent révélées dès l’âge pédiatrique. L’adage « tout nourrisson à ventre plat qui vomit vert est un volvulus du grêle jusqu’à preuve du contraire » doit être bien connu des radiologues. L’échographie abdominale ne doit pas retarder le diagnostic et doit rechercher dès le premier temps échographique (avant d’être gêné par les pleurs de l’enfant !!) une anomalie de position des vaisseaux mésentériques (passage de la veine mésentérique supérieure à gauche de l’artère mésentérique supérieure). Les malrotations du tube digestif (TD) chez l’adulte sont le plus souvent des formes mineures à symptomatologie fruste ou de découverte fortuite. Le scanner abdomino-pelvien est l’examen de référence. Il faudra alors chercher des anomalies associées (syndrome poly-splénique) et y penser devant des volvulus du sujet jeune (Fig. 1) ou des tableaux cliniques atypiques du fait de la modification des rapports anatomiques (appendicite sur appendice en position ectopique).

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Figure 1 : Scanner abdominopelvien injecté en reconstruction coronale (gauche) et schéma illustratif (droite). Volvulus du cæcum (anse dilatée) avec jonction grêle plat/dilaté en position haute (flèche) sur rotation incomplète du mésentère chez un sujet jeune.

Deuxième malformation abordée, le diverticule de Meckel (DM), qui constitue l’anomalie congénitale la plus fréquente du TD. Bien que le plus souvent asymptomatique, des complications peuvent survenir et sont bien connues des radiopédiatres. Dans un contexte d’hémorragie digestive ou d’abdomen aigu de l’enfant, l’échographie révèlera le plus souvent une anse borgne d’aspect anormal, avec des parois épaissies et située dans l’hémi-abdomen inférieur. Il faut savoir également y penser devant une invagination intestinale aiguë (IIA) atypique (forme iléo-iléocolique ou iléo-iléale, enfant > 3 ans,) ou une occlusion sans IIA avec vaisseaux mésentériques en place chez un enfant jamais opéré (bride congénitale associée au DM). Chez l’adulte, on y pense rarement ! En effet, les formes compliquées sont très rares. La position médiane du diverticule, relié à l’iléon terminal, son caractère unique, et l’inflammation locale doit faire évoquer le diagnostic de diverticulite de Meckel. Il faut évoquer ce diagnostic devant une occlusion iléale basse sans anomalie de la dernière anse, même si le DM n’est pas toujours visible.

Enfin, les duplications digestives ! Alors qu’elles sont fréquentes chez l’enfant, elles sont rares chez l’adulte. Elles peuvent intéresser tout le tube digestif, mais plus fréquemment l’iléon et l’œsophage. Si l’échographie avec sonde de haute fréquence permet de visualiser l’aspect stratifié des parois chez l’enfant et permet d’évoquer le diagnostic, le scanner abdominopelvien est souvent insuffisant chez l’adulte, chez qui une IRM doit être réalisée pour éliminer les diagnostics différentiels. À noter que le contenu de la duplication apparaît en hypersignal T1 chez l’adulte mais pas chez l’enfant.


Anne-Laure Hermann
Hôpital Lariboisière, Paris