Biopsies pédiatriques en oncologie : ce qui est à faire… et à ne pas faire !

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Biopsies pédiatriques en oncologie : ce qui est à faire… et à ne pas faire !

Auteur(s) : 
Dimitri RAMOND

Dimitri RAMOND – Le Kremlin-Bicêtre

Bien que délicates à appréhender, les biopsies pédiatriques demeurent indispensables au diagnostic de certitude dans de nombreuses tumeurs de l’enfant.

H. Brisse nous le rappelle en abordant tout d’abord les différentes techniques de gestion de la douleur en pré et post-biopsie, en insistant sur le fait qu’un prélèvement des tissus mous superficiels chez un enfant âgé de plus de 10 ans ne nécessite généralement pas d’anesthésie générale. Les risques infectieux et d’essaimage tumoral, quant à eux souvent craints, sont en réalité facilement évitables grâce à une asepsie stricte, l’utilisation d’un coaxial et d’une voie d’abord mono-compartimentale.

Une salle d’échographie générale adaptée à la radiologie interventionnelle est le plus souvent suffisante à la pratique de cette activité, cependant le bloc opératoire reste également une alternative envisageable pour les prélèvements les plus délicats. Une « check-list » éditée par la Haute Autorité de Santé et inspirée des pratiques chirurgicales est désormais applicable à la radiologie interventionnelle, et s’assure des bonnes pratiques notamment dans les domaines de l’identito-vigilance, de l’éventuel acte anesthésique et du matériel utilisé lors du geste.

Après s’être assuré de l’obtention d’une voie d’abord adaptée, les prélèvements sont effectués à l’aide d’une aiguille automatique ou semi-automatique selon les préférences de chacun, le plus souvent d’un calibre de 16 Gauge, après avoir préalablement introduit un coaxial permettant la réalisation de multiples biopsies au travers d’un unique trajet percutané.

Malgré la difficulté parfois majeure du geste, il est important de s’efforcer à obtenir une quantité suffisante de matériel pour une analyse histologique optimale, avec pour objectif le prélèvement d’au moins 6 carottes de tissu d’une longueur d’environ 15mm (Fig. 1).

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Figure 1. Tumeur desmoplastique à petites cellules rondes chez un enfant de 8 ans, accessible à une biopsie par voie antérieure.

La nécessité d’une coopération avec un pathologiste expérimenté est indispensable à l’analyse des prélèvements effectués. La cytologie réalisée permet la réalisation d’une analyse extemporanée, tandis que l’histologie, plus précise, intègre des colorations classiques, de l’immunohistochimie, de l’hybridation avec fluorescence in situ (FISH) et diverses techniques de biologie moléculaire permettant l’identification et la caractérisation de la tumeur prélevée.

E. Blondiaux débute sa session en nous rappelant l’adage « On peut tout biopsier, mais ce n’est pas toujours souhaitable ». En effet, si la biopsie permet un diagnostic de certitude indispensable dans bien des cas, certaines tumeurs de l’enfant sont aisément identifiables grâce aux différentes modalités d’imagerie et de biologie, et dispensent de la réalisation d’une biopsie. Une tumeur rénale d’aspect kystique chez l’enfant de moins de 6 mois ne représente pas une indication à une biopsie, correspondant dans l’écrasante majorité des cas à un néphrome mésoblastique. Il en est de même pour les tumeurs gonadiques, les tumeurs de Frantz et les tumeurs oculaires qui représentent un risque d’essaimage tumoral trop important, tout comme les tumeurs comprimant les voies aériennes supérieures ou la moelle épinière, entrainant un risque fonctionnel ou vital dont le rapport bénéfice risque n’est pas favorable.