Le scanner du « polytrau » ne doit plus vous traumatiser !

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Le scanner du « polytrau » ne doit plus vous traumatiser !

Auteur(s) : 
Sarah Nahmani

Sarah Nahmani – Hôpital Trousseau

Le scanner du polytraumatisé est difficile, tant d’un point de vue technique que sur son interprétation. L’installation du patient au scanner est un moment crucial. Tout polytraumatisé doit être déshabillé, les structures métalliques et matériel de contention retirés tant que possible. La tête du patient doit être placée dans une tétière dédiée, permettant de réduire la dose, et d’obtenir une meilleure qualité d’image. Une cale d’interposition pourra être placée sous les bras, pour limiter les artefacts.

Au moment où l’acquisition commence, il est fondamental pour tout radiologue de suivre l’examen à la console, afin de personnaliser le protocole. À titre d’exemple, une acquisition au temps portal chez un patient âgé, insuffisant cardiaque, ou en choc hémodynamique sera souvent trop précoce. Il ne faudra alors pas hésiter à lancer une nouvelle acquisition. Une acquisition au temps tardif devra être réalisée en cas de doute sur une lésion de l’arbre urinaire. Enfin, il faut garder à l’esprit que le protocole SPLIT sera particulièrement adapté pour les polytraumatisés légers (grade C) et les enfants (injection d’iode en deux fois suivie d’une seule hélice mixte artérielle et portale), permettant une diminution nette de la dose et du nombre de coupes à lire.

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Figure 1. Faux-anévrisme antéro-basal du ventricule gauche. Une atteinte rare mais grave du polytraumatisé.

En imagerie tête et cou, des protocoles de reconstruction en petit champ doivent être utilisés, car ils augmentent nettement la résolution spatiale. Les images doivent être analysées dans les 3 plans en filtre dur et mou. Les lésions instables doivent être dépistées puisqu’elles nécessiteront une prise en charge chirurgicale rapide. Un score SLIC (Subaxial Injury Classification and Scoring) supérieur à 4 orientera vers ce type de lésion. Certaines lésions subtiles, telles que les fractures des segments moyen et postérieur, les distractions, luxations ou translations d’un massif articulaire, les hématomes pré-vertébraux ou épiduraux, devront être reconnues, et pourront orienter vers la réalisation d’une IRM complémentaire. Il faut également savoir dépister les lésions atlanto-axiales ou atlanto-occipitales. Ces lésions instables, souvent manquées, touchent particulièrement la population pédiatrique. Sur les séquences injectées, on ne devra pas oublier de dépister, outre la dissection, les faux-anévrismes ou les fistules carotido-caverneuses. Enfin, les traumatismes laryngés doivent être recherchés puisqu’ils conditionnent le pronostic fonctionnel du patient.

Les subtilités des traumatismes thoraciques résident principalement dans l’analyse du cœur. Les faux anévrismes ventriculaires, ou ruptures cardiaques, sont des pathologies extrêmement rares mais graves, qu’il ne faut pas méconnaître. Leur association avec un hémopéricarde est inconstante. Les ruptures de l’isthme aortique ne doivent pas être confondues avec les variantes anatomiques que sont l’aortic spindle (coarctation de l’aorte peu serrée, présente chez 15 % de la population générale), le diverticule du canal (présent chez 30% de la population générale), et/ou la dilatation infundibulaire du tronc inter-costo-bronchique droit.

Enfin, les traumatismes de la racine du mésentère sont de diagnostic difficile et retardé mais un hémopéritoine sans lésion d’organe solide, des lésions traumatiques de la paroi abdominale, et l’infiltration de la racine du mésentère doivent orienter vers ce type de lésion.