L’exploration du corps entier en IRM : techniques actuelles et perspectives

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L’exploration du corps entier en IRM : techniques actuelles et perspectives

Auteur(s) : 
Sophie Neveu

Sophie Neveu – Hôpital Henri-Mondor, Créteil

Le scanner a longtemps été l’examen de référence dans l’exploration du corps entier. Dès lors qu’on évoque l’idée d’utiliser l’IRM dans cette indication, plusieurs questions se posent : comment réaliser une IRM couvrant la totalité du corps du patient et en combien de temps ? Quelles en sont les indications ? Quelles en sont les limites ?

Le premier défi de l’IRM corps entier est technique. Du fait de la taille du champ à explorer, l’examen est réalisé à l’aide de plusieurs antennes disposées successivement le long du patient, lui-même installé en décubitus dorsal, bras le long du corps (fig. 1). Afin de limiter au maximum le temps d’examen, on favorisera l’utilisation de séquences rapides et du plan coronal qui permettra de couvrir le maximum de volume corporel en un minimum de coupes.

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Figure 1. Installation du patient en IRM corps entier. Les antennes couvrent l’ensemble du corps. En moyenne une IRM corps entier dure 45mn.

En pédiatrie, l’IRM corps entier s’impose désormais dans plusieurs indications, notamment musculosquelettiques et neuromusculaires. L’IRM fournit des images de grande qualité des tissus mous et du squelette, ce qui en fait un examen très précieux. Elle s’est donc naturellement imposée comme examen de dépistage et de suivi dans le cadre de maladies multisystémiques telles que l’ostéite chronique multifocale récidivante (OCMR), l’exploration des fièvres d’origine indéterminée ou encore les ostéonécroses et myopathies. Dans une population jeune chez qui il est primordial de limiter l’exposition aux rayons X, l’IRM corps entier apparaît comme un examen de plus en plus séduisant et la liste de ses indications pédiatriques dans la littérature s’allonge chaque jour.

Dans le cadre des hémopathies, depuis de nombreuses années le scanner ou le TEP scanner avec injection de 18 FDG représentent les gold standards pour l’évaluation diagnostique et thérapeutique.

Dans le myélome, la supériorité de l’IRM par rapport à la radiographie et au scanner a été démontrée. Les séquences anatomiques associées aux séquences de diffusion et aux séquences dynamiques après injection de Gadolinium permettent d’obtenir une information fonctionnelle et pronostique d’une grande fiabilité.

Dans le lymphome, la TEP-18 FDG avec l’utilisation du score de Deauvillle représente l’examen de référence, à la fois pour l’évaluation initiale mais aussi dans le suivi en cours de traitement et dans l’évaluation de la réponse au traitement après la fin des cycles de chimiothérapie. L’équipe de Minsk a récemment montré la supériorité de l’IRM corps entier dans l’évaluation de l’envahissement médullaire et de l’atteinte rénale dans le cadre des lymphomes non hodgkiniens. À l’aide de la séquence de diffusion, ces derniers proposent un nouveau score baptisé score de Minsk, qui repose sur la comparaison des valeurs d’ADC des lésions suspectes à celles des muscles normaux. Ils montrent que l’utilisation de ce score en IRM corps entier permet une aussi bonne évaluation de la réponse au traitement que la TEP-18 FDG.

Que ce soit en pédiatrie, en oncologie ou en hématologie, la liste des indications à l’IRM corps entier ne cesse de croître. Parallèlement, les innovations technologiques permettent de réaliser cet examen de plus en plus facilement, ouvrant l’avenir de l’IRM corps entier à de futures applications.