Dépistage du cancer du sein : on avance ! Oui mais vers où ?

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Dépistage du cancer du sein : on avance ! Oui mais vers où ?

Auteur(s) : 
Dimitri RAMOND

Dimitri RAMOND – Hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre

Le dépistage de la néoplasie mammaire est un sujet épineux dont les recommandations et les pratiques nationales et internationales sont régulièrement remises à jour.

F. De Bels, de l’Institut National du Cancer (INCa) nous rappelle tout d’abord les modifications récentes apportées par l’arrêté du 22 février 2019 au sujet du dépistage ; ce dernier doit se faire désormais de façon exclusive en mammographie numérique, en suivant les recommandations d’une fiche d’interprétation élaborée par l’INCa. Il rappelle également l’obligation d’interprétation des clichés mammographiques sur console, les films lasers devant être analysés uniquement pour l’analyse des antériorités de la patiente. Enfin, il est désormais obligatoire de remettre en main propre à la patiente un compte rendu écrit provisoire le jour de l’examen avant l’obtention des résultats définitifs plus tardifs.

P. Heid dresse l’état des lieux sur les recommandations de l’utilisation de la tomosythèse et son contrôle qualité. Cette modalité n’est pas encore validée dans le dépistage du cancer du sein, son utilisation étant aujourd’hui reconnue uniquement dans le diagnostic et le suivi de cette pathologie, tout comme dans la plupart des pays européens. Le contrôle qualité de la tomosynthèse en France semble aujourd’hui se confronter à de nombreux écueils ; contrairement à la plupart de nos voisins européens, ce contrôle qualité réalisé par l’ANSM se résume aujourd’hui à l’unique marquage CE, souvent décrié car sans contrôle physique des paramètres de la qualité image ou définition scientifique des valeurs limites de dose, par exemple. Ce niveau d’exigence, considéré par de nombreux radiologues comme insuffisant, pourrait être dommageable pour les constructeurs, les radiologues et les femmes dépistées.

La revue critique de la littérature sur la performance de la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein, actuellement en attente de présentation par le Collège de la Haute Autorité de Santé, nous est présenté par L. Ceugnart. Le couple mammographie/tomosynthèse semble entraîner de meilleurs taux de détection que la mammographie seule, mais des études complémentaires sont nécessaires à l’obtention de résultats plus robustes, notamment sur le taux de détection des cancers de l’intervalle.

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Figure 1. Algorithme du programme national de dépistage français du cancer du sein.

Les paradigmes du programme national de dépistage français sont exposés par C. Colin, qui nous rappelle les spécificités de ce dernier (Fig. 1). Ce programme, souvent considéré comme complexe par les sociétés savantes européennes et nord-américaines, jouit toutefois d’excellents résultats en termes de taux de détection (estimé à 6.7/1000 en France pour une moyenne européenne estimée à 5.5/1000) et de taux de cancer de l’intervalle (avec une moyenne française sur deux ans estimée à 17.5%). Les modalités d’interprétation du second lecteur, analysant uniquement les clichés considérés comme normaux par le premier lecteur de façon non anonymisée, la réalisation conjointe de la mammographie et de l’échographie chez les patientes ayant une densité mammaire élevée et la réalisation d’examens complémentaires immédiats en cas d’anomalie détectée en première lecture sont autant de facteurs expliquant le niveau très satisfaisant des indicateurs de performance obtenus à l’échelle européenne.