La transplantation d’organes est l’un des domaines de la santé dans lequel l’imagerie médicale a un rôle central et l’approche multidisciplinaire représente la clé de la réussite dans l’évaluation et la recherche de solutions thérapeutiques optimales, spécifiques pour chaque patient.
L’Institut Clinique de Fundeni de Bucarest (fondé en 1959) est l’endroit où en Roumanie ont été faites les premières transplantations d’organes : en 1980, le Prof. Eugen Proca a réalisé la première transplantation rénale utilisant un donneur vivant (de la mère pour son fils) ; en 1997, le Prof. Irinel Popescu a réalisé la première transplantation hépatique ; en 2001, la premièretransplantation médullaire autologue a été effectuée et coordonnée par les Prof. Dan Coliţă et Constantin Arion.
Au cours des années 1994-1997 a été élaborée et adoptée par le Parlement la loi de la transplantation en Roumanie (promoteurs : Prof. Ioanel Sinescu, Prof. D. Tulbure, Prof. V. Beliş). Depuis le début jusqu’à présent, pour la transplantation rénale (TR), 1951 procédures ont été réalisées en utilisant soit le donneur en mort cérébrale, soit le donneur vivant, ou en réalisant chez le patient une autotransplantation. En Roumanie, le programme de la transplantation hépatique (TH) s’inscrit dans le Projet National de la Transplantation, se présentant comme l’un des meilleurs programmes de l’Europe, totalisant un nombre de 913 transplantations (chez lesadultes et les enfants). Les interventions chirurgicales peuvent utiliser soit le foie entier (orthotopique) oule foie partiel (split) provenant des patients en mort cérébrale, soit une partie du foie – transplantation à donneur vivant, ou peuvent correspondre àlaTH domino ou à une TH auxiliaire, tous avec des résultats similaires en termes de survie dans la majorité des centres internationaux, ainsi que depuis 2012 dans le Centre de chirurgie et de Transplantation hépatique de Fundeni étant encadrée jusqu’à présent en « High volume center ». En termes de transplantation de moelle osseuse dans l’ICF, la première allogreffe avec donneur apparenté (frères et sœurs) a été réalisée en 2003, la première allogreffe avec donneur non apparenté en 2013, et en 2015 a été fait le premier haplotransplant, au total 1300 procédures de transplantation médullaire ont été réalisées (~ 80% chez les adultes et 20% chez les enfants, 70% d’autotransplants et 30% d’allotransplants). Dès 1998, pour la TR ont été mis au point les protocoles en scanner multibarrette pour l’évaluation des pédicules rénaux, des reins et des voies urinaires (Prof. S.A.Georgescu, Dr. Ioana Lupescu et al.) et dès le début des années 2001-2002 nous avons démarré, développé et optimisé les protocoles en IRM pour la TR et hépatique et nous avons optimisé les protocoles en scanner pour le rein et le foie (Ioana Lupescu, S.A. Georgescu, et al.). L’imagerie joue un rôle clé à la fois dans la transplantation rénale, hépatique et de la moelle osseuse, elle s’avère essentielle et obligatoire chez les patients receveurs pour le bilan prétransplantation et dans le suivi après la transplantation, en particulier pour les complications dans lesquelles la radiologie interventionnelle est très utile pour résoudre les complications vasculaires (Fig. 1), biliaires, urinaires (Fig. 2) ou pour réaliser le drainage des diverses collections postopératoires (biliomes, lymphocèles, abcès, etc.). Actuellement, ces procédures ont été diversifiées grâce à un département de radiologie interventionnelle bien équipé et à des spécialistes qualifiés sur l’interventionnel abdominal.
Le scanner multibarrette et l’IRM ont une place centrale dans l’évaluation des reins et du foie du donneur, permettant le bilan des variantes anatomiques au niveau des pédicules rénaux (double / triple artère rénale, double, triple veine rénale, veine rénale rétroaortique, etc.), pour apprécier la localisation, la morphologie (taille, structure, contours, dimensions) et la fonction des reins mais aussi l’aspect des voies urinaires : concernant le foie du donneur, l’imagerie sectionnelle permet d’analyser correctement l’anatomie du pédicule hépatique (AH, VP, voies biliaires), de faire la volumétrie hépatique, et l’analyse densitométrique ou du signal du foie (pour exclure la stéatose ou les lésions focales). En prétransplantation hépatique, la chimioembolisation est souvent utilisée chez les patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire et qui sont sur la liste d’attente. Le radiologue doit examiner et discuter, au sein del’équipe multidisciplinaire, tous les aspectstrouvés en imagerie : variantes anatomiques, disparités du calibre vasculaire/biliaire entre le donneur et le récepteur, les lésions incidentales y compris au niveau de l’étage cranio-cérébral.
L’approche multidisciplinaire après transplantation est essentielle pour résoudre dans les meilleures conditions tous ces cas, offrant un plus de confort et de très bons résultats. Il est important de souligner que les trois centres : le Centre d’uronéphrologie et de transplantation rénale, le Centre pour les maladies digestives et la transplantation hépatique, le Centre d’hématologie et greffe de moelle osseuse, en collaboration avec le Service de radiologie, imagerie médicale et radiologie interventionnelle, sont l’endroit où la plupart des spécialistes ont été formés. Je finis cette courte incursion en paraphrasant le philosophe-écrivainHenry David Thoreau : « former une équipe n’est que le début, rester ensemble c’est le progrès, travailler ensemble c’est la réussite ».