Le conseil professionnel de radiologie a très tôt perçu, l’impact que pouvait avoir cette nouvelle forme d’activité, c’est pourquoi soucieux d’un exercice de qualité il a élaboré un certain nombre de recommandations validées par le conseil de l’ordre et reprises dans le guide de la DGOS
Pour autant, force est de constater que la réalité est hétérogène, avec un déploiement d’organisations de téléradiologie qui peuvent s’écarter des recommandations du G4-CNOM oubliant que la télésanté n’est pas du e commerce.
Nous pouvons faire le constat paradoxal d’un développement à la fois trop rapide pas toujours contrôlé qui ne permet pas d’optimiser l’utilisation de ces nouveaux outils par la profession et d’un déploiement trop lent des possibilités offertes pour une organisation nouvelle de la radiologie.
Chaque région voit se développer des projets de télémédecine, souvent ambitieux et coûteux qui ne sont pourtant pas parvenus à être réellement opérationnels capables de gérer des volumes d’activité significatifs. Le problème de l’identifiant patient ayant constitué un réel frein à l’efficacité.
Dans ce contexte et celui de la publication de « Stratégie Nationale e santé 2020 » par la ministre Marisol Touraine le 4 juillet 2016 il est urgent que la profession s’approprie ces nouveaux outils et accélère leur utilisation dans un objectif d’amélioration de la qualité des soins. Cet objectif peut être atteint à deux conditions : mettre en place des protocoles qui permettent d’appliquer réellement les deux principes fondamentaux de justification et d’optimisation, mettre en place des organisations qui permettent une prise en charge par des radiologues experts.
Notre spécialité a connu en trente ans de nombreuses évolutions technologiques qui l’ont amené à développer des sur-spécialités, neuroradiologie, ORL, sénologie, hépato-gastroentérologie etc… Le service médical rendu tant au moment de la réalisation de l’examen que de son interprétation est fonction de l’expertise du médecin radiologue qui peut être dépendante de son niveau de sur qualification.
Le développement des outils de la e santé doit permettre d’améliorer la programmation des examens d’imagerie en facilitant l’utilisation d’outil d’aide à la demande d’examen respectant le principe de justification à partir du guide du bon usage des examens d’imagerie, de même, ils doivent permettre d’attribuer la réalisation et l’interprétation de l’examen au radiologue expert. Ces modèles d’organisation sont bien sur applicables quel que soit le secteur d’activité, ils facilitent de plus les échanges et demandes d’expertises complémentaires sans que le patient ait à se déplacer.
Dans un contexte de démographie contrainte et d’augmentation de la demande de soin, ne pas faciliter l’utilisation de ces possibilités nouvellement offertes serait une posture que l’on pourrait qualifier d’archaïque qui ferait prendre le risque de rater une belle opportunité d’amélioration de la qualité de l’organisation et du service médical rendu.
Face à ces évolutions technologiques, deux attitudes risquent de se confronter, celle de ceux qui considèrent la radiologie comme un service et la téléradiologie comme un e commerce capable d’augmenter leur chiffre d’affaire. Cette vision peut être à la fois celle d’un groupe de radiologie privé mais aussi d’un directeur d’hôpital voyant avec un intérêt certain un moyen d’augmenter son activité.
Celle du conseil professionnel de la radiologie qui considère la téléradiologie comme un acte médical devant être réalisé avec d’autant plus d’attention qu’il l’est à distance. L’amélioration de la qualité des indications, de la réalisation et de l’interprétation des examens constitue la valeur ajoutée de la spécialité c’est la défense de ces principes qui permettra de limiter les volumes d’examens afin qu’ils soient compatibles avec les capacités de prise en charge médicales et économiques.
Laurent Verzaux
Pour le groupe SFR Téléradiologie