Valorisation de la radiologie interventionnelle

Bloc opératoire

Valorisation de la radiologie interventionnelle

Auteur(s) : 
Jean Palussière
Jean-Michel Bartoli

La radiologie interventionnelle représente une activité de plus en plus importante dans la prise en charge de patients atteints de maladies ostéoarticulaires, vasculaires, de cancer, mêlant des actes thérapeutiques et diagnostiques (biopsies). En France chaque année, 500 000 patients sont concernés par ces techniques mini-invasives. Mais pour cette discipline jeune, souvent méconnue, « la multiplicité des actes, l’évolutivité permanente et l’apparition fréquente de nouveaux actes génèrent d’importantes difficultés en termes de valorisation de l’activité » (F. Joffre). En effet, nombreux sont les actes, et tout particulièrement en cancérologie, qui ne rentrent pas dans la classification commune des actes médicaux (CCAM). En l’absence de tarification, les établissements de santé essaient de financer ces actes par le biais des Missions d’Intérêt Général et de l’Aide à la Contractualisation (MIGAC), Ces dotations contractualisées avec les agences régionales de santé (ARS) ne sont pas pérennes, renouvelables chaque année dans un contexte budgétaire de plus en plus difficile. Sans dotation, les recettes obtenues lors du séjour du patient ne permettent pas en effet de couvrir toutes les dépenses liées à ces actes. De plus, chaque fois qu’un scanner partagé avec l’activité diagnostique est utilisé pour guider les procédures, l’établissement perd les forfaits qu’il aurait pu encaisser pendant le temps où le scanner est dévié du diagnostic.

Il faut aussi prendre en compte que ces interventions sont réalisées comme dans un bloc opératoire avec l’utilisation de moyens communs avec la chirurgie : anesthésie, salle de réveil...

Il en résulte qu’un établissement qui veut développer ces techniques se heurte vite à des problèmes budgétaires. Alors qu’il s’agit de proposer aux patients un geste moins invasif (vs. chirurgie) et une hospitalisation plus courte, la RI est encore peu intégrée dans les schémas régionaux d’organisation des soins (SROS). Pourtant, traiter une métastase pulmonaire par radiofréquence sous guidage radiologique coûte deux fois moins cher à l’assurance maladie que d’opérer classiquement par chirurgie.

Grâce à la prise de conscience de la SFR, les JFR réunissent dans un lieu dénommé Village de la radiologie interventionnel les orateurs seniors de toutes les spécialités d’organe, les congressistes et les industriels. Un programme d’enseignement théorique et pratique y est proposé, plus spécialement pour les juniors. Les participant peuvent s’exercer aux gestes de RI à l’aide de simulateurs de réalité virtuelle et des flow-models fournis par les industriels et les laboratoires de recherche en RI (ponction sous scanner et échographie, RF, angioplastie, kyphoplastie, embolisation, PICC…). Pendant ce dernier congrès, une équipe de sociologues et d’économistes de l’université de Bordeaux (Béatrice Jacques, Pascal Ragouet, Léo Mignot et Philippe Gorry) a présenté ses travaux en cours, le groupe tente d’étudier les mécanismes freinant les transferts et processus de reconnaissance de la RI. Leur projet comporte trois objectifs :

  • construire une archéologie de l’innovation de la RI, c’est-à-dire analyser l’ensemble des découvertes dont la RI résulte, et décrire les processus d’emboîtement et d’articulation de ces innovations ;
  • analyser les stratégies de légitimation et de la valorisation de la RI et comprendre les conséquences de son développement sur les métiers ;
  • mesurer la reconnaissance de la RI par les patients et le public.

L’innovation va plus vite que la reconnaissance ; aujourd’hui, pour que les patients puissent profiter pleinement des progrès thérapeutiques apportés par la RI, il devient urgent que celle-ci soit mieux reconnue et valorisée. La SFR et sa Fédération de radiologie interventionnelle s’y emploient activement.


Jean Palussière, Jean-Michel Bartoli pour la Fédération de radiologie interventionnelle de la SFR