Comment s’organisait la société de radiologie Il y a 100 ans. 3-Mars - Journal

Comment s’organisait la société de radiologie Il y a 100 ans. 3-Mars - Journal

Auteur(s) : 
Philippe Devred

Journal de Radiologie et d’Electrologie

Sommaire du numéro 3 de mars 1920

Mémoires originaux

  • L’image radiologique de l’aorte : son trajet – ses rapports – son calibre par Delherm et Thoye-Rozat (10 pages).
  • Contribution à l’étude radiologique des abcès sous-phréniques par Chassard et Morénas (5 pages).
  • A propos de trois cas de hernies diaphragmatiques gastro-coliques par Carrière et Desplats (11 pages).

Revue d’ensemble

  • La radiothérapie gynécologique en Allemagne (1914-1918 inclusivement) par Iser Solomon (9 pages).

Fait clinique

  • Lésion osseuse rencontrée chez des bacillaires par Billet.

Appareils nouveaux    

  • Mensurateur radioscopique de l’indice du développement ventriculaire en profondeur par Grangérard.

Analyses

Radiologie

  • Rayons X: 27 articles analysés dont 4 étrangers.
  • Radiothérapie : 9 dont 8 étrangers.
  • Lumière : 3 dont 1 étranger.

Electrologie : 10 articles.

1 - L’image radiologique de l’aorte : son trajet – ses rapports – son calibre par Delherm et Thoye-Rozat. Cet article reprend une partie de la thèse de médecine de Thoye-Rozat présentée en 1919 et intitulée : « Contribution à l’étude anatomo-radiologique de l’aorte, de la veine cave supérieure et de l’artère pulmonaire ».

L’auteur, à partir d’opacification de l’aorte sur cadavre, montre l’image radiologique des différents segments thoraciques de l’aorte, en faisant varier l’angle d’étude de la face au profil (fig. 1-12). Cette étude est réalisée « sur cadavre entier, choisissant des sujets relativement jeunes, sans déformation thoracique et dont le passé clinique ne comportait pas d’affections de l’appareil circulatoire ». « Trois sujets différents*» ont été étudiés « sans dissection » et en position verticale sur le châssis de Josué-Laquerrière qui possède une plaque tournante graduée. Plusieurs radiographies et schémas sont présentés en fonction des angles. Ce travail essentiel écarte les « opinions généralement admises jusqu’à présent dans l’interprétation des images radiologiques de l’aorte » qui était « évidemment contraire aux notions classiques de l’anatomie » L’élément essentiel réside dans le fait que cette étude soit réalisée sans dissections, dans les conditions les plus proches de la pratique radiologique. Nous avons connu plus récemment cette évolution avec le développement de l’imagerie en coupe qui a permis de redéfinir in vivo et sans dissection l’anatomie topographique.

Fig 1. Antéro-postérieure. Fig 2. Oblique antérieure droite à 30°. Fig 3. Oblique antérieure droite à 50°.

Fig 4. Latérale gauche à 90°. Fig 5 Oblique antérieure gauche à 40°. Fig 6. Position frontale.

Fig 7. Oblique antérieure droite à 40°. Fig 8. Oblique antérieure droite à 50°. Fig 9. Oblique antérieure gauche à 40°.

Fig 10. Aorte injectée en position antéro-postérieure.

Fig 11. Aorte injectée en OAD à 40°.

Fig 12. Aorte injectée en OAG à 40° .

2 - Contribution à l’étude radiologique des abcès sous-phréniques par Chassard et Morénas. Les auteurs rapportent une observation d’abcès sous phrénique de diagnostic tardif. Les auteurs rappellent d’emblée que « l’abcès sous phrénique est toujours une affection abdominale à symptomatologie thoracique ».  La description clinique est bien détaillée en termes classiques « Il est très dyspnéique, accuse un point de côté thoracique droit et des quintes de toux avec légère expectoration… à l’auscultation on perçoit un souffle amphorique… le signe du sou est positif mais l’on n’obtient pas de succussion hippocratique… ». Ces termes cliniques laissent rêveur à une époque où l’imagerie prend le pas sur la finesse clinique. Toujours est-il que le diagnostic de pneumothorax est évoqué. Le diagnostic d’abcès sous phrénique est redressé par l’examen radioscopique complété par une radiographie (fig. 13). Les auteurs décrivent les 3 différentes présentations des abcès sous phréniques par des schémas (fig. 14-16).

3 - A propos de trois cas de hernies diaphragmatiques gastro-coliques par Carrière et Desplats. Il s’agit de 3 hommes blessés par balle pendant la guerre. Pour chacun l’orifice d’entrée de la balle intéresse l’hémithorax gauche et l’orifice de sortie, variable. Pour chacun les blessures ont cicatrisé sans intervention chirurgicale. Ils ont rapidement présenté des troubles invalidants : douleurs thoraciques et abdominales post prandiales, hoquet, toux… Le diagnostic a dans les 3 cas été effectué par l’absorption « d’une potion barytée » suivie en scopie (fig. 17-19) dans un délai variable : 2 mois, 8 mois et 3 mois. Deux ont été opérés avec réparation du diaphragme, le 3ème a refusé la chirurgie. Cet article démontre l’intérêt de l’opacification digestive. Le compte rendu de l’examen scopique s’accompagne de schémas, cela rappelle les premiers compte rendus d’échographie dans les années 70 !

4 - Sous la rubrique Revue d’ensemble est publié une revue générale sur l’activité scientifique des radiologues allemands pendant la guerre, concernant la radiothérapie des fibromyomes utérins. Cet article a plusieurs intérêts. Tout d’abord il marque la volonté de la radiologie française de renouer des liens scientifiques avec leurs collègues allemands rapidement après la guerre. Il montre également que pendant la guerre les radiologues allemands ont continué leur travail scientifique dans d’autres domaines que ceux générés par le conflit.

5 - Dans les analyses d’articles il est rapporté « un cas de concrétions calcaires sous cutanées » publié en 1919 dans le Bulletin de la Société Française de Dermatologie et Syphiligraphie par Pierre Fernet et Nahan, accompagné d’un cliché de la main chez un adolescent de 16 ans (fig. 20). Cet aspect alors étiqueté « granulome calcaire sous cutané » est une des premières images publiées de sclérodermie avec une description excellente.

Fig 20. Calcinose sous cutanée.