Comment s’organisait la société de radiologie Il y a 100 ans. 2-Février

Laboratoire de développement du médecin radiologiste

Comment s’organisait la société de radiologie Il y a 100 ans. 2-Février

Auteur(s) : 
Philippe Devred

Le numéro 2 du Journal de Radiologie et d’Electrologie est segmenté en rubriques multiples aux frontières un peu floues ; Mémoires originaux, Nouvelles, Notes Pratiques, Faits Cliniques, Sociétés et Congrès, Appareils Nouveaux et enfin Analyses, témoignant de la diversité des propositions et des centres d’intérêt des auteurs et des lecteurs.

La rubrique « Mémoires Originaux » de ce numéro de février ne comprend en fait qu’un seul article intitulé « La paralysie faciale : Electrodiagnostic-Electrothérapie » présenté par Delherm et Laquerrière. A priori cet article parait totalement désuet quant au thème et au vocabulaire utilisé : « cette affection peut être due à l’une quelconque des maladies infectieuses ou dyscrasiques… » (Le recours au dictionnaire Larousse précise que dyscrasique : concerne un tempérament morbide lié à des troubles métaboliques (goutte, diabète, obésité, etc. ou à une perturbation de la crase sanguine.) !

En fait cet article montre qu’il y a 100 ans déjà nos prédécesseurs plaçaient le patient au centre de leurs préoccupations en se proposant avec les moyens dont ils disposaient, d’améliorer le pronostic de cette affection. Une classification est présentée, s’appuyant, en complément de la clinique, sur l’utilisation de l’éléctrodiagnostic. A partir de cette classification un traitement par « faradisation à chocs espacés ou tétanisant » et par « courant galvanique à état constant » est appliquée en fonction des stades pour lutter contre l’amyotrophie. L’accompagnement du patient du diagnostic au traitement était donc une évidence.

Puis, sous la rubrique « Nouvelles » Colanéri présente « un aperçu sur l’électroradiologie et la physio-kinesithérapie à Metz ». L’auteur rappelle que les services situés dans l’enceinte fortifiée de Metz ont été pillé en novembre 1918 quand le Service de Santé français pris possession des formations sanitaires de la ville après le départ des allemands. Le matériel a été volé ou bradé. Un état des lieux en Lorraine est présenté suivi de propositions de réorganisation suivant « la méthode française ».

Deux « Notes Pratiques » concernent la radiologie ostéoarticulaire : « le repérage radiographique de la tête fémorale dans l’opération de Delbet » par P. Japiot et « les résultats de l’exploration radiologique de l’articulation scapulo-humérale » par M. Chassard.

L’opération de Delbet est un vissage ou enchevillement avec greffon des fractures du col fémoral. Lors du repérage scopique per opératoire la tête fémorale est le plus souvent mal visible ne permettant pas la réalisation correcte du vissage. L’auteur propose la réalisation préalable d’une radiographie permettant un meilleur repérage. « Une collaboration radio-chirurgicale effective est nécessaire pour le succès de l’opération » (fig 1 et 2).

La 2ème note pratique montre l’intérêt d’une incidence orthogonale de l’épaule dans le diagnostic d’une luxation (fig. 3, 4 et 5).

Quatre « Faits Cliniques » sont rapportés

Luxation dorsale du poignet par F. Arcelin présentée par des clichés face et profil

Une luxation complète du semi-lunaire sous les tendons fléchisseurs par R.Desplats et P. Buffé par traumatisme, illustré par un cliché (fig 6).

Le Diagnostic radiologique des abcès sous phréniques gazeux par Iser Salomon à partir d’une observation de perforation ulcéreuse de l’estomac avec un cliché d’abdomen debout très démonstratif (fig 7).

Les Diverticules pharyngo-œsophagiens ou diverticules de pulsion dits de Zenker, un nouveau cas étudié par radiographie et opéré par Lacarenne et Guilleminot. En 1880 rapportait 34 observations « dont le diagnostic pour la plupart avait été fait sur la table d’autopsie. » Un des premiers diagnostic radiologique est présenté en 1902 en France par Dufour et Haret ; puis Charles Mayo de l’Association Américaine de chirurgie en mai 1910 publie 8 cas diagnostiqués par la radiologie et opérés. Les auteurs présentent un nouveau cas exploré à l’Hôtel Dieu de Paris dans le service du Pr Hartmann (fig 8).

Dans la rubrique Sociétés et Congrès Antoine Beclère fait le compte rendu de son intervention sur la Radiothérapie des Fibro Myomes utérins devant la société de chirurgie. La phrase introductive montre bien le trouble provoqué par l’apparition d’une nouvelle technique dans le milieu médical : « Il s’agit de savoir si le traitement (des fibromes) doit passer des chirurgiens aux radiologistes. Nous sommes donc à un moment grave de l’histoire de la thérapeutique des fibromes. Notre Société ne peut s’en désintéresser. ». En fait A. Beclère répond à une présentation à charge contre la radiothérapie, effectuée récemment à la Société de Chirurgie. A propos de 3 observations de cancers utérins à évolution rapide, deux questions avaient été posées : - les rayons X ont-ils été la cause de ces cancers ? - les rayons X ont-ils provoqué l’évolution extraordinairement rapide de ces cancers ? S’ensuit un argumentaire équilibré qui écarte ces deux hypothèses et débouche sur une proposition par A. Béclère de collaboration étroite et neutre arbitrée « par un gynécologue qui ne soit ni chirurgien ni radiothérapeute ».

 

Dans la rubrique « Appareils Nouveaux » H. Béclère et P Vaulé présentent le laboratoire de développement du médecin radiologiste. Tous les éléments sont passés en revue, jusqu’au choix de la peinture des murs (couleurs claires) (fig 9 et 10).