Bulletin de décembre de la Société de Radiologie Médicale de France
Séance du 14 décembre 1920
- Communications
1. Quelques radiographies de fœtus in utero ; La suppression du voile secondaire par Guilleminot
2. A propos du traitement de l’épithélioma cutané par de fortes doses de rayons X par Belot
3. L’emploi du gaz carbonique dans le pneumopéritoine par Mallet et Colliez
4. La visibilité de la vésicule dans le pneumopéritoine par Mallet et Colliez
5. La radiographie extra-médicale au service de l’art par Cheron
- Assemblée Générale
1. Allocution du Président Belot
2. Compte rendu du Secrétaire général Haret
3. Elections du bureau pour 1921
1. La communication de Guilleminot : Quelques radiographies de fœtus in utero ; La suppression du voile secondaire aborde la façon de diminuer le rayonnement diffusé par l’utilisation de grilles. La grille fixe de Bucki a l’inconvénient de superposer à l’image, le quadrillage de la grille, rendant ainsi sa lecture difficile. L’auteur présente des clichés réalisés avec la grille mobile de Mozo, il en conclut « l’antidiffuseur à bandes avec déplacement donne des résultats meilleurs pour le diagnostic en raison de la suppression du quadrillage du cliché ».
H. Béclère dans la discussion présente « ses essais de radiographie expérimentale dans la gestation ». Chez le cobaye en état de gestation, il réalise un pneumopéritoine ce qui améliore nettement la visualisation des fœtus.
2. Belot critique le traitement de l’épithélioma cutané par de fortes doses de rayons X proposé dans Paris Médical par le Pr Dubreuilh. Celui-ci soumet à une irradiation continue pendant 8 à 30h, sans filtre, les épithéliomas cutanés. Il obtiendrait la guérison au prix d’une radiodermite ulcéreuse. Et Belot de dire « Prenez garde, vous aurez de graves mécomptes si vous suivez cette technique. C’est un véritable non-sens de chercher la destruction massive des tissus sains et des tissus malades par la radiodermite. Mieux vaut avoir recours au bistouri ou aux caustiques… » Suit une discussion animée entre Koenig, Guilleminot et Lenglet qui sont tous d’accord pour éviter la radiodermite.
3, 4. Suivent 2 communications de Mallet et Colliez sur la technique du pneumopéritoine et de son intérêt pour montrer la vésicule biliaire. Sur le plan technique les auteurs rappellent les données antérieures : l’utilisation de l’oxygène (progrès net par rapport à l’air atmosphérique) obligeait le patient à rester étendu de 36 h à 4 jours pour obtenir la résorption de l’O2. Laisser le trocart en place pendant tout l’examen pour pouvoir ré aspirer l’O2 n’était pas pratique et fut remplacé par une double ponction : initiale pour injecter l’O2 puis en fin d’examen pour l’évacuer. D’autres gaz furent proposés : protoxyde d’azote (Stewart en Amérique) sans grand avantage, ou injection d’éther (chez le chien) non appliqué à l’homme en raison de la douleur. Enfin plus récemment Alvarez en Amérique propose un mélange de CO2 et d’O2 qui donne d’excellent résultats, se résorbant spontanément en 30 à 45 mn et permettant de réaliser les incidences désirées. Ces tâtonnements sont intéressants à considérer avec le recul… nos prédécesseurs innovaient avec des risques variables pour le patient !
Dans 50% des cas la vésicule peut être visualisée par le pneumopéritoine. Les clichés en position debout sont les meilleures incidences.
5. La dernière communication est La radiographie extra-médicale au service de l’art. L’auteur rappelle que c’est en 1914, en Allemagne, que les premières radiographies de tableaux furent réalisées, puis à Amsterdam. L’auteur a lui-même réalisé des radiographies avec la collaboration des conservateurs du Louvre et du musée Carnavalet. Autrefois les peintures utilisées pouvaient contenir des sels lourds de plomb ou de zinc (pour les blancs) et sont donc opaques, d’autres au contraire se laissent facilement traverser. La radiographie ainsi peut permettre de « trouver un indice sur l’âge du tableau », de mettre en évidence « les dégâts qu’a subis un tableau au cours des siècles » avec des restaurations ou ajouts variables, ou des surprises comme « retrouver un tableau entier disparu sous une œuvre nouvelle».
La réunion est ensuite consacrée à l’Assemblé Générale avec les rapports du bureau sortant et les nouvelles élections. Le Dr Haret est élu Président, et le Dr Lobligeois Secrétaire Général.