IRM fœtale : le temps de la maturité

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IRM fœtale : le temps de la maturité

Auteur(s) : 
Fred E Avni
Catherine Garel

Si l’échographie est et doit rester la technique de dépistage et de diagnostic, l’IRM fœtale a acquis une place essentielle dans la prise en charge pré- et périnatale de certaines malformations. La pathologie du système nerveux central reste sa principale indication. L’IRM joue aussi un rôle dans la caractérisation de pathologies placentaires.

Par rapport à l’échographie, l’IRM fœtale présente de nombreux avantages. Elle est indépendante de la présentation fœtale, d’un surpoids maternel, du volume de liquide amniotique. Cependant, plusieurs conditions doivent être réunies pour augmenter son efficience. Notamment sont nécessaires :

  • une bonne connaissance de la technique,
  • l’utilisation de protocoles permettant d’optimiser les examens, tout en réalisant des séquences supplémentaires en fonction des constatations durant l’examen,
  • une connaissance des résultats de l’échographie de référence ayant mené à la réalisation de l’IRM et une bonne coordination avec les Centres Pluridisciplinaires de Diagnostic Prénatal et les spécialistes concernés par la pathologie fœtale,
  • une lecture systématisée de l’examen (incluant l’analyse de l’environnement maternel) et un compte rendu répondant à la question posée,
  • une transmission et une discussion avec les spécialistes référents.

Les considérations de sécurité pour le fœtus et pour la mère sont importantes. Aucun effet délétère pour le fœtus n’a été observé. Selon le Collège Américain de Radiologie, l’IRM peut être utilisée durant les 2e et 3e trimestres à la condition que l’échographie n’ait pu apporter les réponses souhaitées ou qu’il existe une indication clinique. Une « task force » canadienne a conclu elle aussi à l’innocuité de l’IRM 3T durant les 2ème et 3ème trimestres. L’utilisation de Gadolinium doit être exceptionnelle en particulier au vu des dernières publications rapportant des dépôts de Gadolinium libre dans les tissus cérébraux.

Une sédation maternelle n’est pas indispensable mais possible. La mère sera positionnée le plus confortablement possible en décubitus dorsal ou latéral. Des antennes de surface sont utilisées. Des séquences de localisation permettent d’orienter les séquences suivantes. Le temps d’examen est d’environ 30 minutes.

L’évaluation du SNC utilise dans les trois plans des séquences de pondération T1 et T2, parfois T2* ainsi que des séquences de diffusion. L’analyse du cerveau est biométrique et morphologique. Les principales indications de l’IRM du SNC sont les ventriculomégalies (environ 40% des indications) ainsi que les malformations de la ligne médiane (notamment du corps calleux), de la fosse postérieure, du cortex, les infections et les lésions ischémo-hémorragiques, les complications cérébrales des grossesses gémellaires monochoriales. Certains antécédents familiaux (sclérose tubéreuse) ou des syndromes génétiques conduisent aussi à réaliser une IRM fœtale.

L’IRM apparaît particulièrement contributive en cas de masses cervico-faciales, pour analyser le degré d’obstruction ou d’envahissement de la filière respiratoire, et ainsi modifier le mode d’accouchement et la prise en charge anté- et périnatale.

Les principales indications thoraciques de l’IRM fœtale sont les hernies diaphragmatiques (notamment l’évaluation du volume pulmonaire et l’analyse des organes herniés), les masses médiastinales ou pulmonaires. L’usage de l’IRM en cas de malformations broncho-pulmonaires est moins systématique et varie en fonction des équipes. Elle permet une bonne délimitation de la malformation et évalue de manière plus précise que l’échographie le volume de poumon sain.

La pathologie abdomino-pelvienne bénéficie de l’utilisation de séquences T1 et T2 pour caractériser les structures abdominales et identifier le méconium. L’IRM apparaît donc intéressante pour évaluer les obstructions intestinales, les malformations ano-rectales, les uropathies complexes et autres malformations uro-génitales et les masses abdomino-pelviennes (tératome sacro-coccygien).

En conclusion, l’IRM fait partie intégrante du bilan d’imagerie de nombreuses anomalies fœtales et placentaires. Son utilisation fait désormais partie de la routine des radiopédiatres. Son enseignement doit être dispensé aux internes.

 

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Figure 1. IRM fœtale – coupe axiale T2 Hémimégalencéphalie chez un fœtus de 35 SA.

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Figure 2. IRM fœtale – Coupe sagittale T2 Atresie de l’œsophage chez un fœtus de 32 SA, « pouch sign » et déviation trachéale.

 

 


Fred E AVNI (Lille et Bruxelles) , Catherine GAREL (Paris) (GRRIF – SFIPP)

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