Produits de contraste hépatobiliaires et imagerie du foie : actualités 2017

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Produits de contraste hépatobiliaires et imagerie du foie : actualités 2017

Auteur(s) : 
Mathilde Wagner
Alain Luciani
Marc Zins

Les produits de contraste hépatobiliaires ou hépato-spécifiques sont des produits de contraste à base de Gadolinium, utilisés en IRM. Deux produits sont disponibles : le Gadolinium EOB-DTPA (Primovist/Eovist, Bayer, Allemagne) et le Gadolinium BOPTA (Multihance, Bracco, Italie), seul ce dernier étant commercialisé en France.

Ces deux molécules sont toutes les deux des produits de contraste linéaires. Après une phase vasculaire et interstitielle sensiblement proche de celles des produits de contraste extracellulaires, ces produits présentent comme spécificité d’être captés par les hépatocytes fonctionnels via les récepteurs OATP (organic anionic transporting polypeptides), puis excrétés dans les canalicules biliaires par les récepteur MRP2 (multidrug resistance-associated protein). La phase hépatobiliaire survient 20 minutes après l’injection pour le Gadolinium EOB-DTPA, grâce à une captation hépatique d’environ 50%; et est plus tardive, 1h-2h après l’injection, pour le Gadolinium BOPTA, en raison d’une captation moins importante d’environ 5%.

Les principales indications des produits de contraste hépatobiliaires sont : 1. La caractérisation des tumeurs hépatocytaires bénignes, avec la possibilité de différencier les hyperplasies nodulaires focales, qui en raison d’une conservation de l’expression des OATP, captent le produit à la phase hépatobiliaire et apparaissent en hypersignal et les adénomes, qui sont dépourvus d’OATP fonctionnels, ne captent pas le produit et apparaissent en hyposignal à la phase hépatobiliaire, avec des sensibilité et spécificité supérieures à 90% (fig. 1). 2. La caractérisation des nodules survenant sur foie d’hépatopathie chronique, les CHC moyennement ou peu différenciés n’ayant pas dans 90% des cas de récepteurs fonctionnels et apparaissant en hyposignal à la phase hépatobiliaire. La majorité des études publiées utilisent le Gadolinium EOB-DTA et montrent une augmentation de la sensibilité pour le diagnostic du CHC comparativement aux produits de contraste extracellulaires, au détriment cependant d’une baisse de spécificité. 3. La détection des lésions secondaires hépatiques, avec majoration de la sensibilité de détection, grâce au contraste important entre les localisations secondaires et le parenchyme hépatique. La valeur ajoutée est notamment présente pour la détection des lésions infracentimétriques et en association avec la séquence de diffusion. 4. L’exploration des voies biliaires, notamment la recherche de fuite biliaire ou l’étude de l’anatomie des voies biliaires avant don d’hémi-foie. 5/ L’étude de la fonction hépatique, en alternative au test au vert d’indocyanine et à la scintigraphie au mebrofenin marqué au Technetium 99, avec la possibilité d’une analyse par segment. Si le Gadolinium EOB-DTPA a une utilisation purement hépatique, le Multihance a été également utilisé en imagerie mammaire, en angio-IRM et en neuroimagerie. Il a été récemment démontré la survenue de dépôts de Gadolinium au sein des noyaux gris centraux après injection répétée de produits de contraste à base de Gadolinium linéaire, y compris le Gadolinium EOB-DTPA et le Gadolinium BOPTA. Au vu de ces données encore en cours de consolidation, le PRAC (Pharmakologic Risk Assessment Committee), comité de pharmacovilgilance de l’EMA (Agence Européenne du Médicament) a proposé en juillet 2017 au niveau européen de retirer les autorisations d’utilisation de l’ensemble des produits de contraste à base de Gadolinium, linéaires, à l’exception des deux produits de contraste hépatobiliaires dès lors qu’ils sont utilisés uniquement dans le cadre d’une exploration hépatique. En effet, leur valeur ajoutée et leur service rendu clinique ont été jugés démontrés et suffisants pour maintenir leur utilisation ; en particulier, ils permettent d’éviter un certain nombre de biopsies hépatiques de lésions focales chez des sujets souvent jeunes pour caractériser des lésions bénignes. Le PRAC suggère donc également de limiter l’usage du Gadolinium BOPTA à l’imagerie hépatique, un produit de contraste à base de Gadolinium, macrocyclique devant être utilisé dans les autres indications (21/07/2017). Il s’agit de recommandations et les autorisations de mise sur le marché restent cependant la décision des autorités nationales compétentes. En revanche, l’ACR (American College of Radiology) n’a pas encore partagé les recommandations du PRAC : l’ACR souhaite que des travaux plus importants soient conduits pour évaluer l’impact des injections répétées de Gadolinium. Nul doute que ces travaux se poursuivront, et si les éléments scientifiques doivent encore être consolidés, ils devront également prendre en compte les apports cliniques de ces agents pour l’étude du foie.

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Figure 1. Coupes axiales d’une IRM avec acquisition à la phase hépatobiliaire après injection de Gadolinium BOPTA, réalisée chez une patiente de 24 ans. Deux lésions sont mises en évidence : la première (flèche pleine) ne garde pas le contraste, apparaît en hyposignal comparativement au parenchyme hépatique et correspond sur l’examen anatomopathologique à un adénome de type inflammatoire ; la seconde (flèche en pointillés) garde le contraste, apparaît en hypersignal comparativement au parenchyme hépatique et a un aspect typique d’hyperplasie nodulaire focale sur les acquisitions dynamiques et les séquences morphologiques.


Mathilde WAGNER1, Alain LUCIANI2, Marc ZINS3
1. Radiologie polyvalente et oncologique, GH Pitié-Salpêtrière, Paris.
2. Imagerie médicale, CHU Henri Mondor, Créteil.
3. Secrétaire général de la Société Française de Radiologie

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