Introduction
L’Arménie revendique une francophilie relativement ancrée, même si ce pays est au carrefour de l’Europe orientale et de l’Asie et qu’il subit des influences russes. Il bénéficie actuellement d’un développement important, avec une communauté de radiologues exprimant un besoin fort en termes de formation. L’organisation de la radiologie arménienne est essentiellement centrée sur les équipements et non par organe, les radiologues présentant pour la plupart des compétences exclusives sur certains types de machines (radiographie, échographie, scanner ou IRM). L’organisation d’une formation plutôt centrée sur l’organe et sa pathologie, comme nous la connaissons en France, apparaissait intéressante, dans un premier temps pour partager avec la communauté des radiologues arméniens les indications que nous retenons pour les différents types d’imagerie en fonction des pathologies abordées ; dans un second temps, pour les sensibiliser à l’importance que nous accordons à l’évaluation globale du patient.
Organisation
Il y a environ un an, l’Association des Radiologues Arméniens (ARA) a impulsé un nouvel élan en s’ouvrant massivement sur l’extérieur : occasion pour la Société Française de Radiologie d’établir des liens ce pays.
Cette formation trouve son origine dans la rencontre entre l’Association des Radiologues Arméniens et le Docteur Hampar Kayayan, responsable de l’Union Médicale Arménienne de France- Lyon (UMAF – Lyon). Étant donné qu’il s’agissait d’un premier contact, une formation courte et spécifique a été privilégiée. Le Pr François Cotton et le Pr Jean-Baptiste Pialat ont accepté de participer à ce premier symposium avec une double thématique : radiologie ostéoarticulaire et neuroradiologie. Le programme était orienté sur la pathologie générale d’organe et quelques sujets plus spécifiques, pour pouvoir intéresser un public le plus large possible. Pour chacune des thématiques, une session de cas cliniques interactive a également été proposée. Ainsi, l’imagerie des céphalées, des pathologies démyélinisantes et de la neuro-oncologie ont été traitées pour la neurologie ; l’imagerie des douleurs d’épaule et de hanche, les lésions traumatiques du genou et la pathologie inflammatoire et infectieuse du rachis pour le versant ostéoarticulaire.
L’UMAF a obtenu une subvention du Grand Lyon pour couvrir partiellement les frais d’organisation du congrès. Sur le plan local, le symposium a été organisé par l’ARA à l’Hôtel Ibis d’Erevan, hôtel récent du centre-ville, francophile, qui accueillait pour la première fois ce genre de manifestation. Les présentations, que nous avions finalisées en amont, ont pu être envoyées préalablement au Docteur David Abrahamyan, afin qu’il puisse faire la traduction simultanée en langue arménienne.
Déroulement du séjour
La formation, prévue sur deux jours avec des communications en français associées à une traduction simultanée, s’est avérée un franc succès. Le relais de la formation par l’ARA a permis de toucher un large panel de radiologues, essentiellement sur la capitale mais également dans les principales villes du pays : Vanadzor, Goris, Charentsavan, etc. Au total, plus de 110 radiologues ont pu bénéficier des crédits attribués dans le cadre de cette formation validante pour leur formation continue, sur les 300 radiologues et 50 internes présents en Arménie, dont 240 sont membres de l’ARA.
Nous avons été impressionnés par l’intérêt de l’auditoire pour les présentations, l’acuité de leurs questions et leur motivation à apprendre. Il semble que le programme ait été bien construit, puisque chaque thématique a pu être discutée à la fois dans les grandes lignes et de façon détaillée. L’ensemble des communications a été remis à l’association locale pour être diffusé à l’ensemble des participants. Les retours des participants, au fil des deux journées, ont été très favorables.
En périphérie de la formation, nous avons rencontré les représentants de l’ambassade de France en Arménie, qui nous ont félicités pour notre démarche. Nous les avons sensibilisés pour les années futures, afin de favoriser l’organisation d’autres symposiums, éventuellement de bénéficier de leur aide sur un plan logistique.
Nous avons également pu visiter le service d’imagerie de l’Hôpital Heratsi de la faculté de médecine de l’Université d’Etat d’Erevan, rencontrer des radiologues intéressés et motivés, avoir des échanges constructifs sur l’organisation fonctionnelle du service autant que sur des dossiers cliniques sur lesquels nous avons pu apporter notre expertise.
Réunion avec l’association des radiologues arméniens
Ce premier symposium a été l’occasion de discuter avec les représentants de l’ARA, qui compte 240 membres sur 350 radiologues seniors et juniors. Ainsi, nous avons développé l’idée d’une collaboration entre l’ARA et la Société Française de Radiologie, canal par lequel les futures formations franco-arméniennes devraient obligatoirement être organisées afin de bénéficier de la visibilité et des gages de qualité nécessaires à ce type d’enseignement. À ce titre, le professeur Jean-Baptiste Pialat s’est proposé de faire le lien entre l’association des radiologues arméniens et la Société Française de Radiologie.
Le deuxième axe de discussion portait sur les possibilités pour les radiologues arméniens de bénéficier d’une formation sur le territoire français. Nous leur avons exposé les différentes options possibles : la première est le développement d’une collaboration directe entre l’université d’Erevan et celle de Lyon. Le vice-recteur de l’Université d’Erevan, présent car membre actif de l’ARA, s’est montré très intéressé par le développement d’une telle collaboration.
Les autres options sont la possibilité pour les étudiants arméniens de radiologie de demander une bourse à la SFR, ou de passer par la voie nationale de DFMS. Nous nous sommes engagés à leur exposer clairement les modalités à suivre pour monter leur dossier concernant chacune des deux options.
Bilan et perspectives
Ce premier symposium franco-arménien d’imagerie médicale, réalisé sous l’égide de la SFR, est donc un franc succès. Il a su toucher un nombre important de radiologues ; la formation dispensée a plu, tant par la qualité de son organisation que par son contenu. De l’avis commun, il s’agit de la première étape d’une collaboration à plus long terme qui doit s’établir entre les deux sociétés. En resserrant les liens d’amitiés entre la France et l’Arménie, nous nous inscrirons directement dans la dynamique globale du pays, puisqu’en 2018 l’Arménie sera organisatrice du sommet des pays francophones.