Gábor Forrai est un expert international reconnu en imagerie de la femme et en médecine légale. Il est impliqué dans le dépistage du cancer du sein en Hongrie et a été président de l’European Society of Breast Imaging (EUSOBI). Il participe également activement au comité des programmes de l’ESR. De 2005 à 2011 il a assuré la fonction de Secrétaire Général du Collège de Radiologie en interface avec le Ministère de la Santé Hongrois. Depuis 2015, Gábor Forrai exerce son expertise en imagerie du sein et dirige le département d’imagerie du Duna Medical Center à Budapest.
Quelques mots sur votre relation avec la radiologie française, et plus particulièrement avec la SFR ?
Comme jeune radiologue, j’ai passé un an à l’Hôpital Tenon, à Paris, chez le Pr. Jean-Michel Bigot. Cette expérience a eu grande influence sur moi : je n’y ai pas seulement appris la radiologie, mais également une approche méthodologique de gestion d’un service universitaire.
Ma relation avec la SFR date de ce séjour effectué dans les années 1994-5. Nous avons depuis organisé le Symposium Franco-Hongrois de Radiologie chaque année, cela fait 28 ans. Je suis reconnaissant à tous les professeurs de radiologie français qui y ont participé comme orateurs – on en compte 73 ! Les bourses de formation, des échanges, des soutiens pour participer aux JFR sont nombreux, et cela a beaucoup aidé nos radiologues, surtout les jeunes, dans leurs carrières respectives et dans l’apprentissage de l’art de la radiologie moderne.
Les JFR : que représentent-elles pour vous ?
J’ai participé à presque toutes les JFR des vingt-cinq dernières années. Cela donne toujours une motivation pour l’année qui suit et beaucoup d’informations professionnelles y sont condensées. La radiologie française a un “goût” particulier en Europe : les techniques plus avancées, la créativité et la flexibilité sont plus la norme ici que dans d’autres régions du monde. En Hongrie, pas mal de ces approches sont reprises dans la pratique – grâce notamment aux enseignements français que nous recueillons chaque année à Budapest lors du symposium franco-hongrois.
Quelques mots sur vos responsabilités à la tête de l'EUSOBI et/ou à la tête de la Société hongroise de radiologie ?
Étant membre fondateur de l’EUSOBI, la Société Européenne de radiologie sénologique, j’ai beaucoup travaillé dans le Comité, avec les cours éducatifs et congrès annuels.
Entre 2015-2018, comme Président de l’EUSOBI, j’ai fondé l’ « international group » dont les représentants issus de tous les pays de l’Europe se réunissent régulièrement pour discuter des tendances et pour créer des projets et dynamiques internationaux communs. Je continue ces activités dans ma fonction de past-président dans les années à venir. Nous avons fondé une section de sénologie dans le cadre de la Société hongroise de radiologie il y a vingt ans, dont je suis le secrétaire général depuis le début. Ce groupe donne les avis professionnels pour toute la radiologie hongroise, au collège et aux autorités régissant le dépistage et le diagnostic du sein. En Hongrie, le dépistage organisé à destination de toutes les femmes fonctionne en pratique depuis 2001 : nous avons depuis recueilli beaucoup d’expériences et données.
Pouvez-vous nous parler de votre intérêt personnel pour l'imagerie du sein et la médecine légale ?
L’imagerie du sein est particulière, car il faut bien connaître plusieurs modalités, on doit être à l’aise en intervention tout en ayant une connaissance assez profonde en pathologie, en oncologie et en chirurgie mammaire. La sénologie permet d’avoir une relation de proximité avec les patients qui se retrouve dans les autres domaines de la radiologie. La médecine légale – et plus largement, le droit – m’a toujours intéressé car nous avons une responsabilité importante en sénologie, avec un taux élevé de procès intentés contre les personnels médicaux. Il est en conséquence important de savoir comment éviter ces problèmes, au niveau de la documentation, de l’organisation et de la logistique.
Quelques mots sur l'Intelligence Artificielle en imagerie (thème principal du JFR 2019) en Hongrie ?
En Hongrie il existe une importante activité dans le domaine de l’IA, plus particulièrement au niveau du dépistage du sein. Plusieurs groupes de recherche et de développement de logiciel sont actives chez nous, ils sont alimentés par les données du système de dépistage organisé.
Selon vous, quels sont les enjeux pour les années à venir ?
Je compte sur l’IA, qui va nous aider à baisser le volume de travail en accélérant les examens de routine, et nous permettre de nous concentrer sur les cas plus compliqués, les interventions, la collaboration avec les cliniciens et la communication avec les patients. Probablement cela va nous faire gagner du temps et de l’énergie pour l’enseignement de la radiologie, en crise aujourd’hui en raison d’un manque important de radiologues expérimentés pouvant assurer le suivi des résidents et des jeunes spécialistes.