Joëlle Ann FEGHALI, Inès MANNES, Greg CHAMBERS, Sophie CHAPELIERE, Catherine ADAMSBAUM – Service d’Imagerie Pédiatrique, Hôpital Bicêtre

À la suite d’Hiroshima et Nagasaki, le principe ALARA (As Low As Resonably Achievable) est devenu le standard de la radioprotection médicale. Cependant, force est de constater que baisser les doses sans prendre en compte la qualité de l’image est contre-productif, ce qui renforce le besoin de collaboration radiologue-physicien médical. En effet, un nouveau concept d’optimisation pour lequel une radiographie doit présenter une qualité diagnostique suffisante en maintenant la dose du patient aussi basse que le diagnostic le permet (ALADA) a été récemment introduit. Dans ce contexte, le service de radiologie pédiatrique du CHU de Bicêtre a initié un nouveau projet afin d’optimiser les protocoles d’acquisition en radiographie digitale pédiatrique. Ce travail est réalisé en collaboration avec Samsung, fournisseur de la table de radiologie digitale GC85A dont dispose le CHU de Bicêtre.En pratique, il s’agit de remplacer l’approche traditionnelle d’optimisation consistant à réduire itérativement la dose jusqu’à atteindre une image de qualité non diagnostique par une approche prédictive de la qualité image aux faibles doses. Cette approche prend en compte les récentes évolutions technologiques en imagerie – qu’elles soient matérielles (détecteurs plus performants, tubes plus puissants, etc.) ou logicielles (intelligence artificielle, algorithmes et filtres de post-traitement des images, etc.) – pour déterminer les paramètres optimaux d’acquisition (kV, mA, filtration) pour une image de qualité suffisante pour le diagnostic. Tout d’abord, pour éviter de faire plusieurs radiographies à différents mA sur des enfants, un outil de simulation a été développé pour permettre de créer à partir du cliché à dose standard, d’autres clichés à des niveaux de dose moindre. Ceci est réalisé en ajoutant dans l’image de base du bruit artificiel correspondant à une image réalisée avec moins de rayons X dont le niveau a été déterminé préalablement par le physicien médical (fig. 1).

Ensuite, une grille de lecture dédiée a été élaborée par quatre radiologues de Bicêtre pour définir la qualité image, basée sur les éléments diagnostiques essentiels pour chaque indication clinique. Le travail s’est focalisé sur les examens radiologiques les plus fréquents chez l’enfant : étude du thorax (recherche de corps étranger, pneumopathie, suivi d’asthme, etc.) et du squelette.

Enfin, les images simulées à différents niveaux de dose ont été post-traitées par l’algorithme « S-Vue » pour tester l’efficacité du filtre à réduire le bruit des radiographies, principal défi des images à très faible dose. Toutes les images ainsi obtenues ont été soumises aux quatre radiologues qui ont noté leur qualité selon la grille prédéfinie.

En conclusion, la réussite de ce projet a été possible grâce à la collaboration étroite entre le physicien médical et l’équipe de radiologie pédiatrique qui a consacré du temps et mis son expertise au service de cette approche novatrice.