Comment caractériser une masse annexielle ? La classification EURAD va vous aider !

Imagerie médicale

Comment caractériser une masse annexielle ? La classification EURAD va vous aider !

Auteur(s) : 
Sarah Nahmani

Les masses annexielles sont l’indication la plus courante de chirurgie gynécologique. La caractérisation préopératoire est cruciale et un score radiologique harmonisé permet d’améliorer la prise en charge de la patiente. Récemment approuvée par l’INCa, et bientôt rendue obligatoire dans tous les comptes rendus d’IRM pour exploration d’une masse annexielle, la classification EURAD permet de caractériser de façon simple une masse annexielle, et ainsi d’orienter la prise en charge.

Avant toute chose il conviendra d’éliminer toute lésion pelvienne non annexielle, puisque la classification EURAD ne s’applique qu’aux masses annexielles. Aussi il sera indispensable de corréler l’imagerie à la clinique, et une patiente avec une douleur aigüe faisant suspecter une torsion d’annexe ou un syndrome infectieux faisant suspecter un abcès tubo-ovarien ne pourra être incluse dans cette classification.

La question de la caractérisation des lésions liquidiennes a été abordée par Edouard Poncelet (CH Valenciennes). Le score 1 de la classification EURAD concerne les lésions liquidiennes pures constatées à l’échographie et qui ont disparu sur l’IRM : il s’agit de lésions fonctionnelles, qui disparaissent spontanément en 3 à 6 mois et pour lesquelles seul un contrôle échographique s’impose. Le score 2 correspond aux masses uniloculaires, bénignes, qu’elles soient purement kystiques (cystadénome séreux), purement endométriosiques ou purement graisseuses (tératome mature), à condition qu’elles n’aient pas de portion tissulaire, donc pas de rehaussement pariétal. Le score 3 correspond aux kystes bi ou multi-loculés sans portion tissulaire évoquant le plus souvent des lésions bénignes de type mucineuses.

Imagerie médicale

Fig. 1. Abcès tubo-ovarien de l’ovaire gauche (à gauche) et corps jaunes de l’ovaire droit (à droite) ne devant pas entrer dans la classification EURAD.

Ensuite, Isabelle Thomassin-Naggara (CHU Tenon, Paris) et Aurélie Jalaguier-Coudray (CHU Marseille) nous ont donné quelques pistes pour la caractérisation des lésions mixtes ou solides. S’il existe des implants péritonéaux, on pourra d’emblée classer la lésion en score 5. Si la lésion est en hyposignal T2 et hyposignal de diffusion, soit une « dark-dark lesion » elle évoquera un fibrome ou fibrothécome ovarien. Elle sera caractérisée par une courbe de type 1. Dans de rares cas un signal intermédiaire en T2 et un hypersignal de diffusion au sein de la lésion pourront être observés et correspondront alors à des remaniements.

Enfin pour les lésions en signal T2 intermédiaire et hypersignal de diffusion, seule la séquence de perfusion permettra de nous orienter. Une courbe de type 3 orientera vers un score 5 (classiquement, un carcinome ovarien primitif si la lésion est unilatérale ou des métastases ovariennes si elles sont bilatérales). Tandis qu’une courbe de type 2 renverra vers un score 4, et la lésion sera dite « indéterminée ». De petits indices tels que les végétations orienteront vers une tumeur borderline, les calcifications vers une tumeur de Brenner, la bilatéralité vers des métastases, tandis que des signes d’imprégnation œstrogénique pourront faire évoquer une tumeur de la granulosa ou un fibrothécome.

Si faire le diagnostic histologique n’est pas primordial, il est du ressort du radiologue de « scorer » ces lésions selon la classification EURAD afin d’assurer une meilleure prise en charge de ces jeunes patientes.


Sarah Nahmani
Paris