Interview du Professeur Lorenzo Derchi

Interview du Professeur Lorenzo Derchi

Professeur Lorenzo Derchi

Professeur Lorenzo Derchi

Lorenzo Derchi est Professeur de Radiologie et Chef de Service de Radiologie de l’Hôpital San Martino de Gênes. Il est le Président en exercice de la Société Européenne de Radiologie. Lorenzo Derchi est un promoteur talentueux de l’échographie, mais aussi de l’imagerie en général. Ceux qui l’ont côtoyé savent qu’il sait partager, promouvoir, stimuler et encourager. Ses qualités humaines sont à la mesure de ses réalisations scientifiques, et imposent le respect, celui-là même qu’il exprime aussi envers les autres. Pour cette raison, la Société Française de Radiologie est heureuse, honorée et fière de compter Lorenzo Derchi parmi ses membres d’honneur.

Quels sont vos liens avec la radiologie française, et plus particulièrement avec la SFR ?

J'ai beaucoup d'amis parmi les radiologues français. J'ai fait un long parcours professionnel avec certains d'entre eux et cela s'est transformé en une amitié durable. Je dirais que nous avons grandi ensemble. J'ai appris à connaître la SFR par le biais de mes amis (beaucoup sont maintenant, ou ont été, à la tête de la Société) et j'ai toujours apprécié son organisation solide, sa capacité à couvrir de manière scientifique et professionnelle tous les différents aspects de notre discipline et à les conserver unis.

Que représentent les JFR pour vous?

Je me souviens que, quand j'étais jeune radiologue, le congrès des JFR était toujours considéré comme le le plus novateur et les méthodes pédagogiques développées étaient considérées comme les meilleures. Mon expérience des JFR a toujours été positive. J'ai beaucoup appris, non seulement en assistant aux séances, mais aussi sur la façon de préparer mes présentations.

Quelques mots sur la prochaine réunion annuelle de l'ESR ?

L’ECR 2019 sera le 25e congrès organisé par la Société à Vienne. C’est le résultat, je pense, d’un long voyage commencé en 1991. L’affiche du congrès, avec son arrière-plan marin de la Méditerranée, et le poisson (chacun d’eux découpé dans l’une des 24 affiches des précédentes éditions de l’ECR) rappellent cette continuité. La devise "the large picture" veut souligner l'unité de la radiologie en Europe et la nécessité d'un point de vue européen sur notre discipline. Les difficultés et les défis nous attendent tous, dans tous les pays. Je suis sûr que connaître nos problèmes nous aide à rassembler nos efforts et à les affronter et les surmonter plus facilement. Le Comité de planification du programme (auquel participent de nombreux radiologues français) a préparé un programme dans lequel, j'espère, chaque radiologue trouvera ce dont il a besoin : des sessions de base pour les étudiants aux cours de recyclage pour les radiologues en exercice, en passant par la recherche de pointe. Nous avons fait de notre mieux et espérons que l’ECR 2019 maintiendra les normes d'excellence des précédentes éditions et répondra aux attentes de tous les participants.

Pouvez-vous nous parler de votre intérêt personnel pour l'échographie?

J'ai été impliqué dans l'échographie en 1975, au tout début de ma résidence en radiologie. Je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance. C’était un domaine presque inexploré à l’époque, ce qui m’a offert de nombreuses opportunités en pratique clinique et en recherche. Je me souviens que le premier livre que j'ai lu sur ce sujet a été rédigé par le prof. Francis Weill, de Besançon. Il a été un pionnier aux États-Unis et j'ai eu l'honneur de le connaître et de recevoir des conseils de première main d'un véritable maestro. L’échographie est une technique d'imagerie merveilleuse. Elle est très utile, polyvalente, non invasive et, surtout, garde le radiologue à proximité du patient. Nous sommes des médecins, mais nous ne sommes pas souvent perçus comme tels par les patients. L’échographie nous aide à être considérés comme partie intégrante de l’équipe de soins par nos patients.

Selon vous, quels sont les enjeux les plus importants pour les années à venir?

La visibilité du radiologue est le problème le plus important auquel nous sommes confrontés. Nous devons travailler dur pour faire face à cela. Nous sommes trop souvent cachés dans des salles obscures, face à des moniteurs et à des examens de lecture, loin de nos patients. Comme je l’ai dit, de nombreux patients ne savent même pas que nous sommes des médecins. La résolution de ce problème n’est pas une tâche facile, mais il est essentiel de reconnaître que les services de radiologie ne sont pas des « usines d’examens », mais une partie intégrante de l’évaluation clinique et du traitement des patients. L'intelligence artificielle (IA) est à venir et va produire de grands changements. Son intégration dans la pratique clinique signifie que nous, radiologues, devons conduire ce changement. Toute machine doit être conduite, qu'elle soit intelligente ou non, qu’elle soit amie ou ennemie. Les radiologues doivent prendre les devants dans ce nouveau domaine et comprendre comment l'IA peut nous aider à améliorer notre travail et à fournir un meilleur service à nos patients. Je constate que les radiologues européens jouent un rôle de premier plan dans ce domaine : l’IA sera l’un des principaux sujets de discussion, à la fois lors des JFR et lors de l’ECR 2019. C'est un gros défi, mais je suis sûr que nous serons en mesure de le relever.