Depuis 20 ans maintenant qu’il fait partie du paysage des services d’imagerie, le PACS (Picture Archiving and Communication System) a toujours su se réinventer, années après années, suivant l’évolution des technologies de l’information et des modalités d’acquisition, au point d’être considéré aujourd’hui comme une modalité à part entière. Des bains de fixateurs aux écrans de 7 millions de pixels, l’image radiologique a trouvé dans le PACS le conteneur idéal à sa diffusion, son stockage, sa lecture ou son traitement.
Les pouvoirs publics ne s’y sont pas trompés. Il n’est plus question aujourd’hui de justifier la nécessité de son investissement, mais plutôt de trouver le moyen d’aller vers toujours plus de mutualisation, d’interopérabilité et de partage, ceci afin de faciliter la disponibilité des examens radiologiques du patient sur un territoire, une région, ou dans un futur peut-être pas si lointain, un pays (le Graal de la radiologie que nous offrirait l’avènement du numéro d’identification national). Mais derrière cette brochure en papier glacé, vantant toutes les vertueuses qualités de cet outil, se cache en fait une machine complexe dont le fonctionnement touche à une multitude de domaines de compétences. Et ce serait une grande méprise que de penser qu’un PACS s’administre tout seul ! Même les fameux serveurs de réconciliation, chargés d’effectuer les rapprochements automatiques de patients entre différents systèmes, nécessitent des interventions et une surveillance humaine. Voilà tout notre enjeu : réseaux d’images, interfaces HL7, transfert Dicom, identitovigilance, manipulation des données personnelles, médicales, maintenance matérielle des serveurs, services web, réconciliation, fusion…, sont le quotidien des personnes en charge de ces systèmes PACS. Quel métier possède alors aujourd’hui les capacités nécessaires pour faire fonctionner cette machinerie à l’apparence si bien huilée ? La réponse laisse perplexe, elle est pourtant simple : il n’y en a pas. On aurait pourtant envie de penser aux informaticiens, tant tous ces termes techniques semblent sortis de leur univers. Mais c’est oublier que s’ils possèdent toutes les compétences requises pour administrer des serveurs et des connexions réseau, ils ne disposent pas de l’expertise nécessaire pour appréhender les problématiques spécifiques aux traitements d’images médicales (dont la capacité à se rendre compte qu’un cliché de coude de face n’a rien à faire dans le dossier d’un scanner thoracique). Par ailleurs, aucun décret ne leur reconnaît cette compétence, aucune loi ne les autorise à prendre connaissance de l’information personnelle et médicale.
Les ingénieurs biomédicaux, peut-être ? Il est vrai que leur positionnement à l’interface de la technique et du monde médical pourrait en faire de bons candidats. Mais là aussi, leur expertise reste technologique, à distance des problématiques spécifiques du PACS. Leurs compétences ne s’étendent pas par exemple à l’identitovigilance ou aux résultats des imageurs. Reste alors les manipulateurs en électroradiologie médicale. Ils ont la culture de l’identitovigilance, peuvent accéder aux informations personnelles et médicales des patients, leur métier les rend à l’aise avec l’utilisation de ces outils… Malheureusement, leur manque de connaissances, ne serait-ce que techniques et informatiques, résonne pour le moment comme un frein à leur candidature pour l’administration de tels systèmes. Pour le moment seulement ! Car s’il a longtemps été perçu comme une contrainte supplémentaire dans la prise en charge des patients, le PACS commence à apparaître comme un outil indispensable dans la pratique des manipulateurs. Il suffit de voir l’intérêt grandissant que lui portent les étudiants pour leur mémoire, les instituts de formations qui l’intègrent spontanément dans le programme des futurs professionnels, ou le nombre de manipulateurs en formation sur les cursus universitaires des technologies de l’information. Alors comme il y a des manipulateurs de médecine nucléaire, de radiothérapie, d’IRM…, verra-t-on bientôt des manipulateurs d’administration de PACS fleurir dans les centres hospitaliers, les cliniques et les centres d’imagerie ? Même si l’idée semble séduisante, elle n’est pas réaliste dans cette époque de rapprochement des structures et de mutualisation de moyens. Administrateur de PACS, c’est un vrai métier. Et même s’il semble évident qu’il doit être dans la continuité du métier de manipulateur, il n’est aujourd’hui pas réglementairement reconnu et, par conséquent, s’enseigne de manière empirique et souvent autodidacte. Mais des voix s’élèvent pour que soit enfin reconnue et légiférée cette profession à part entière, où tout reste à construire.
C’est à ce combat que s’affaire une poignée de personnes au sein de l’AFPPE : les membres de la commission CAPRI² (Commission des Administrateurs de PACS et réseaux d’Images et d’Informations). Pour les rejoindre : www.capri2-afppe.fr
Nicolas Guérin
Vice responsable commission Capri²/AFPPE, Responsable de service, administrateur/coordonnateur RIS et PACS, Pôle de Santé des Olonnes, Vendée
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