LES CHRONIQUES DU MUSÉE DE LA RADIOLOGIE
Le saviez-vous ?
Pendant les deux guerres mondiales, la Société de Radiologie a essayé, tant bien que mal, de survivre. C’était, à vrai dire, pratiquement impossible pendant la Grande Guerre. Comme les 175 médecins-radiologues que comptait la France en 1914, les dirigeants de la Société de Radiologie sont aux armées et y occupent des postes de responsabilité.
Le médecin-major de 1ère classe Antoine Béclère qui, malgré ses 56 ans, a offert ses services à l’autorité militaire, est chef du Service central de Radiologie du Gouvernement militaire de Paris ; il est aussi chargé de la formation des radiologues et dispense ses cours au Val-de-Grâce. Le médecin-major Georges Haret, secrétaire général de la Société de Radiologie, d’abord médecin-chef de l’équipage radiologique automobile n°4 de la 3ème armée (figure 1), est ensuite appelé en mission à Paris à la 7ème direction du Ministère de la Guerre. Paul Aubourg et Eugène Beaujard, membres du Bureau de la Société, sont affectés à la direction des voitures radiologiques. Quant à René Ledoux-Lebard, il sera chargé, après l’entrée en guerre des États-Unis, de la formation des radiologues américains (figure 2).
Les Bulletins et Mémoires de la Société de Radiologie, qui publient les comptes-rendus des séances, cessent de paraître pendant toute la guerre. Il y a tout de même une séance extraordinaire de la Société le 3 mars 1917. Elle est présidée par Justin Godart, sous-secrétaire d’État à la Santé et regroupe 150 participants « montrant ainsi l’importance de la Société et sa puissance ». Les communications sont presque toutes consacrées à la radiologie de guerre : extraction de projectiles, mais aussi « radiothérapie des blessures de guerre », « rôle et résultats de la radiologie dans le diagnostic de la tuberculose pulmonaire chez les soldats » (figure 3). En temps de guerre, l’économie est à l’ordre du jour : « le radiologue doit avoir le libre choix du procédé d’exploration pour établir son diagnostic ; cette règle entraînera une diminution notable de la consommation des plaques » (figure 4).
Antoine Béclère, lui, revient sur son idée maîtresse : « nécessité de ne confier qu’à des médecins la direction des services de radiologie ».
Ce n’est que le 8 mars 1919 que la Société de Radiologie peut reprendre ses travaux. La séance est présidée par Joseph Belot, élu président avant la guerre et qui a gardé ses fonctions. Il se réjouit de la place qu’a prise la radiologie : « Il y a cinq ans, on discutait encore son utilité ; aujourd’hui, on est convaincu de sa nécessité ». « Cette branche de la médecine, ajoute-t-il, est une science véritable ; il ne suffit pas pour la bien pratiquer, de savoir, comme on dit parfois, “appuyer sur un bouton ou regarder sur un écran” ». Belot insiste sur la nécessité d’une union des radiologues : « la guerre est finie, il ne faut pas qu’elle reprenne parmi nous. Certes, ces cinq années de guerre ont pu faire naître bien des animosités, soulever bien des rancœurs ; je vous demande de les oublier, de reprendre nos travaux dans la concorde et dans l’union, comme si rien, depuis 1914, n’était venu en interrompre le cours ». Près de cent ans plus tard, ce message est toujours d’actualité.