Les comparaisons aux pièces opératoires ont montré que l’IRM multiparamétrique (IRMmp), qui associe une séquence pondérée en T2 et des séquences fonctionnelles (imagerie de diffusion, imagerie dynamique ou spectroscopie), peut détecter le cancer de prostate agressif (de score de Gleason ≥7) avec une bonne sensibilité. Il était donc tentant de proposer de réaliser un IRMmp avant les biopsies de prostate pour repérer les zones suspectes et réaliser des biopsies « ciblées ». Deux récentes méta-analyses ont montré que l’addition de biopsies ciblées aux biopsies systématiques sensibilisaient la détection des cancers agressif, mais leur effet est surtout net chez les patients ayant déjà eu des biopsies négatives et revenant pour une nouvelle biopsie. La réalisation d’une IRMmp avant nouvelle biopsie chez ces patients est recommandée par l’association européenne d’urologie depuis cette année.
L’apport des biopsies ciblées chez les patients adressés pour une première série de biopsie est encore discuté. Deux études multicentriques, une française (MRI-FIRST) et une internationale (PRECISION), ont été lancées sur le sujet, et le résultat de la première dont le recrutement est terminé, devraient être connus début 2017.
Figure : IRM avec image T2 (a), image native de diffusion (b), cartographie ADC (c) et image dynamique (d).
Plusieurs études ont également montré que l’IRMmp pouvait permettre de mieux sélectionner les patients relevant de la surveillance active (c’est-à-dire présentant un cancer suffisamment peu agressif pour ne pas nécessiter de traitement immédiat) en orientant de nouvelles biopsies vers des zones suspectes.
La valeur prédictive négative de l’IRMmp reste encore très débattue et, pour l’intant, il n’est pas conseillé de ne pas faire de biopsie systématique quand l’IRM est négative.
On s’achemine donc vers la réalisation d’IRMmp chez une bonne partie des patients - si ce n’est tous les patients – adressés pour biopsie de prostate.
Cela ne sera pas sans conséquence sur les délais de prise en charge en IRM puisqu’environ 40 000 biopsies de prostate sont réalisées chaque année en France.
Olivier Rouvière
Secrétaire Général de la Société d'imagerie génito-urinaire (SIGU)
