Les actions du Professeur Ben Hamouda pour le rayonnement de la radiologie l’ont naturellement amené à occuper les fonctions de président de la Société Tunisienne de Radiologie. Son esprit scientifique se traduit par le nombre considérable de travaux portant sur la neuro-oncologie, la pathologie vasculaire cérébrale et l’imagerie diagnostique et interventionnelle du rachis. Pendant sa carrière, il a toujours fait en sorte que la radiologie puisse s’exercer en Tunisie de la plus moderne et pertinente des façons. Le Professeur Mohamed Ben Hamouda participe très activement à notre congrès depuis de nombreuses années : il est incontestablement l’un des acteurs qui font que nos deux sociétés sont si proches. La SFR est très heureuse et fière d’honorer le Professeur Mohamed Ben Hamouda, radiologue de réputation internationale et surtout collègue chaleureux, grand ami de la France.
Quelles sont les liens de la STR avec la SFR ?
Les relations entre la STR et la SFR ont été de tout temps exemplaires et importantes. De part et d’autre, au fil du temps, chaque bureau a participé à la construction de cette relation très étroite. Ces liens très forts sont basés sur des valeurs communes très importantes : l’amitié, la fidélité, le respect et la passion autour d’une mission sacrée : « la formation ».
Que représentent les JFR à vos yeux ?
C’est une très longue histoire, de plus de 30 ans de passion et de fidélité, autour de l’enseignement, de la formation, de la recherche et de la qualité de soins pour le patient, qui reste notre souci majeur. Les EPU des JFR ont représenté dans les années 80-90 le support principal de la préparation pour passer mes examens et concours ; par la suite, la base de la formation continue ; enfin, ce fut à mon tour de partager mon expertise en organisant des sessions et en donnant des cours aux JFR. Les JFR sont également pour moi un tiraillement agréable entre la neuro et l’os, la première ayant fini par prendre le dessus à partir de 2005. Ma passion et mon implication pour l’enseignement m’ont parfois fait oublier à tort un côté important des JFR, qui est l’exposition technique, dont je me suis beaucoup plus rapproché une fois devenu chef de service et qui m’a beaucoup aidé pour l’acquisition de matériel : IRM 3 Tesla, Angiographie biplan… Les JFR sont également pour moi un grand lieu de rencontres, où je revois mes maîtres et amis français, mais également autres francophones, maghrébins et notamment tunisiens !
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur le prochain congrès national de la STR ?
Le congrès national se tiendra de façon concomitante avec les Journées Franco-Tunisiennes de Radiologie, du 9 au 11 mars 2018 à Tunis. Comme chaque année, il verra la participation, en plus des spécialistes tunisiens, de six invités français qui contribuent au très haut niveau scientifique de cette manifestation. Un hommage sera rendu à feu Pr Azza Hammou.
Quelques mots sur votre spécialité ?
La neuroradiologie diagnostique a grandement bénéficié des progrès technologiques grâce à une meilleure résolution des images et aux techniques avancées de l’IRM, ayant permis d’améliorer la précision diagnostique et la prise en charge thérapeutique. La neuroradiologie interventionnelle, après avoir transformé la prise en charge des malformations vasculaires du cerveau et de la moelle, s’est étendue récemment au Stroke par le biais de la thrombectomie avec un grand impact sur les pronostics fonctionnel et vital. L’imagerie ostéoarticulaire est la spécialité qui utilise encore toutes les modalités diagnostiques avec une égale importance et une réelle complémentarité comme ce couple, aussi simple que magique, « Radio-Echo », cette échographie venue chronologiquement après l’IRM qui en a été le meilleur professeur.
Quelle est la place de l’imagerie médico-légale dans votre pays ?
L’imagerie médico-légale a pris plus d’importance en Tunisie avec les événements terroristes des dernières années. Sur le vivant, elle intervient essentiellement dans la détermination de l’âge, le diagnostic des sévices à enfants et des bébés secoués. Les blessures par arme à feu bénéficient du scanner pour localiser et déterminer le trajet des projectiles, ainsi que pour faire le bilan lésionnel préchirurgical. En post-mortem, elle intervient aussi bien dans l’étude de balistique que dans l’identification des cadavres. La virtopsie n’est pas encore de pratique courante en Tunisie.
Comment est envisagée la relation patient-radiologue dans votre pays ?
Cette relation a beaucoup évolué en Tunisie dans la mesure où le radiologue, de simple photographe, est devenu clinicien par excellence, reconnu par le patient comme acteur principal dans l’établissement du diagnostic, la prise en charge et le suivi thérapeutiques et devenant lui-même parfois thérapeute. Il n’est pas rare en Tunisie que le radiologue se trouve dans la position de conseiller du patient quand celui-ci se trouve confronté à des avis cliniques discordants.
Quels sont d’après vous les enjeux pour les années à venir ?
Les progrès considérables des technologies d’imagerie médicale ont tellement amélioré le diagnostic qu’on ne peut plus imaginer s’en passer. Ces progrès, fruits d’efforts pluridisciplinaires des sciences biomédicales, des sciences physiques et de l’ingénierie, ont cependant un coût assez important. L’enjeu pour les prochaines années est de garder le patient au centre de ces progrès en lui proposant, après un bon examen clinique, la modalité diagnostique la plus précise, la moins invasive et la moins coûteuse. La radiologie interventionnelle prendra encore plus d’importance, s’élargissant à de nouveaux domaines. L’enjeu sera d’assurer la meilleure formation possible dans cette activité qui est en train de changer la dimension sociale du radiologue.