Les méthodes pédagogiques actives ayant démontré tout leur intérêt, la simulation en santé a progressivement gagné de l’audience et s’implante dans les formations en santé depuis les années 2000, jusqu’à devenir recommandations de certification.
En formation initiale comme continue, la simulation est un précieux moyen de sécurisation des apprentissages car elle permet de « répéter en séance, c’est-à-dire sans risquer les conséquences d’une erreur, les paroles, les gestes qu’il faudra maîtriser dans les situations de travail futures ». Elle est donc plus respectueuse des patients, puisque proposant des essais hors de leur présence, mais aussi de la stabilité émotionnelle et de la sérénité des étudiants qui expriment leurs craintes, s’autorisent des « erreurs », apprennent en confiance, majorent leur sentiment d’efficacité personnelle.
L’étudiant (individuellement et en groupe), confronté à la situation puis lors du débriefing sera conduit à mobiliser, acquérir et actualiser ses compétences, exercer ses capacités réflexives. Véritable apprentissage expérientiel, l’authenticité et l’itération des situations installeront les invariants et leur transférabilité.
En imagerie, les modalités de simulation sont nombreuses, pertinentes au regard d’objectifs d’apprentissage : simulateurs procéduraux, haute-fidélité, patients standardisés, réalité virtuelle, pleine échelle... Ainsi, le caractère reproductible et peu variable d’une activité nécessite des procédures d’apprentissage où le modèle a toute sa place ; la simulation procédurale sera alors très contributive. En revanche, il est essentiel de connaître la puissance pédagogique de la simulation pleine échelle pour les situations complexes (relations interprofessionnelles, processus décisionnels), où il sera fait appel au patient simulé ou hybride dans un environnement authentique. Dans le même temps, nos environnements professionnels réels sont peu disponibles pour procéder à des simulations in situ et trop onéreux pour que l’on en dispose facilement en formation. Les outils de réalité virtuelle, encore rares et chers, doivent offrir fluidité, ergonomie transférable, scénarios agiles, procédures collaboratives. Une stratégie d’enseignement doit donc être définie pour accompagner l’acquisition des compétences en fonction des publics visés et une planification curriculaire de la simulation s’impose pour assurer la complémentarité des modalités, l’ancrage des postures réflexives d’apprentissage et une contribution à la professionnalisation.
Béatrice JAMAULT
Présidente comité d’harmonisation des centres de formation de manipulateurs, Coordinatrice pédagogique SimUSanté et des instituts CHU Amiens Picardie