Grâce aux progrès techniques permettant une diminution de la durée d’examen, l’IRM corps entier est à présent utilisable en pratique clinique pour l’exploration de pathologies osseuses et neuromusculaires non tumorales comme les spondylarthropathies et les myopathies. Dans ces indications, l’IRM corps entier joue un rôle clé pour le diagnostic précoce, l’évaluation de la sévérité et de l’activité de la maladie ainsi que le suivi sous traitement. Les protocoles incluent des séquences anatomiques pondérées en T1 et des séquences sensibles à l’œdème en pondération T2 avec saturation du signal de la graisse ; les séquences de diffusion semblent avoir un avenir prometteur.
Si la performance de l’IRM corps entier n’est plus à démontrer pour l’évaluation de l’infiltration médullaire dans les hémopathies et pour la recherche des métastases osseuses, elle reste encore peu utilisée en pathologie musculosquelettique non tumorale.
Dans les rhumatismes inflammatoires, elle permet en une seule acquisition de faire le bilan de l’extension de la maladie par la recherche de localisations non étudiées sur l’acquisition classique rachis en entier - articulation sacro-iliaque, comme les atteintes sternoclaviculaires, manubrio-sternales, coxofémorales ou les enthèses péri-trochantériennes. Dans les ostéites chroniques multifocales récidivantes, où l’analyse anatomopathologique présente un fort de taux de faux négatifs, elle permet de poser le diagnostic par la présence de plusieurs localisations de topographie évocatrice.
Dans les myopathies, l’IRM corps entier joue un rôle clé au diagnostic de la maladie. Elle permet par la description de « patterns » de distribution d’orienter le diagnostic mais également le choix du muscle à biopsier limitant ainsi les faux négatifs. Les séquences en pondération T1 permettent de quantifier la dégénérescence graisseuse, témoin de la sévérité et de la durée d’évolution de la maladie. Les séquences STIR permettent de quantifier l’œdème musculaire témoin de l’activité de la maladie dans les myosites. Plus récemment, les séquences de diffusion ont commencé à être utilisées pour l’évaluation des myopathies inflammatoires : les séquences de diffusion à b élevé permettraient de sensibiliser la détection de l’œdème musculaire et la valeur de l’ADC serait plus élevée dans les atteintes musculaires inflammatoires (Fig. 1). L’IRM corps entier permet de suivre l’évolution sous traitement.
Dans les histiocytoses, l’IRM corps entier permet de faire le diagnostic de lésions osseuses non symptomatiques mais également d’évaluer la réponse thérapeutique. L’IRM corps entier joue aussi un rôle dans l’évaluation des infarctus osseux multiples dans la drépanocytose ou dans le suivi des complications de la corticothérapie au long cours. Elle est également utile pour l’évaluation des lymphangiomatoses et des malformations vasculaires étendues.
La réalisation d’une IRM corps entier nécessite la mise en place de plusieurs antennes (tête et cou, « body », membres inférieurs) et l’acquisition repose sur la réalisation de 4 ou 5 paliers. Le protocole utilise au minimum des séquences en pondération T1 et STIR. Le plan coronal est préféré pour l’analyse des rhumatismes inflammatoires associé à des séquences dans un plan sagittal sur le rachis. Dans les myopathies, le plan axial est préféré en pondération T1 et STIR pour l’analyse de la répartition des groupes musculaires atteints. L’acquisition dure en moyenne 40 à 50 min. Le nombre d’images impose une rigueur méthodique pour la lecture des examens qui doit être effectuée par paliers et non sur les reconstructions corps entier. La découverte de pathologies associées est fréquente. Certaines localisations sont d’analyse difficile comme les atteintes costales ou mandibulaires. Les avant-bras sous souvent hors du champ d’exploration chez les adultes.
L’IRM corps entier dans les pathologies musculaires non tumorales permet une prise en charge optimale par une exploration globale au diagnostic, par l’évaluation de l’extension et l’activité de la maladie, et durant le suivi par l’évaluation de la réponse thérapeutique.
Marie Faruch-Bilfeld
CHU Purpan Toulouse
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