Leave me alone lesions en imagerie ORL

Imagerie médicale

Leave me alone lesions en imagerie ORL

Auteur(s) : 
Jérémy Dana

Cette session abordait les « leave me alone lesions » dont la définition diffère des incidentalomes.
Les auteurs, J. Rousset, F. Dubrulle, R. Souillard-Scemama et L. Hauret, ont insisté sur l’importance d’établir une conclusion claire, rassurante et sans terme ambigu pour ne pas imposer au patient un geste chirurgical ou une surveillance inutile.

L’os temporal présente une anatomie exigeante à bien connaître afin d’identifier les variantes anatomiques d’anomalies scanographiques orientant vers certaines pathologies.

Chez l’enfant, l’os temporal peut être au centre des bilans polymalformatifs.

Par exemple, il convient de bien identifier les malformations du canal du nerf VII à type de sténose, élargissement ou anomalies d’orientation (syndrome de BOR ou syndrome de CHARGE) d’un élargissement simple de la première portion du canal du facial.

D’autre part, des reconstructions précises sont indispensables dans l’interprétation de l’os temporal afin de ne pas méconnaitre ou surdiagnostiquer des labyrinthites ossifiantes du canal semi-circulaire latéral.

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Fig. 1 Artère stapédo-hyoïdienne persistante (image de gauche) et canal du nerf de Jacobson (image de droite), à ne pas confondre avec un foyer d’otospongiose.

Enfin, certaines variantes anatomiques sont à bien connaître dans le cadre d’une suspicion d’otospongiose, maladie fréquente et handicapante. Il s’agit, entre autres, de la persistance d’une artère stapédo-hyoïdienne ou du canal du nerf de Jacobson (fig. 1).

Quant à l’oreille moyenne, prenons l’exemple de l’incus. La longue apophyse de l’incus peut présenter des variations de forme. Une incurvation de son extrémité peut faire, à tort, suspecter une ostéolyse. Il ne faut alors pas hésiter à utiliser les outils à notre disposition : la projection en intensité maximale ! Le MIP permettra de définitivement exclure le diagnostic d’ostéolyse.

L’os sphénoïdal peut être le siège de lésion bénigne graisseuse surnommée « benign fatty lesion ». Cette lésion est une variante anatomique d’arrêt de pneumatisation. Elle correspond à une formation ostéocerclée au contact du sinus sphénoïdal avec des plages nettement hypodenses centrales de densité graisseuses. Des calcifications sont possibles. L’aspect typique sur le scanner permet d’affirmer le diagnostic.

En cas de découverte fortuite sur une IRM, la lésion présentera un signal graisseux sans rehaussement.

L’apex pétreux peut aussi être à l’origine d’erreurs diagnostiques. En effet, un simple piégeage liquidien dans des cellules pneumatisées de l’apex pétreux peut être confondu avec un granulome à cholestérine, diagnostic « chirurgical ». Contrairement au granulome à cholestérine qui présente un aspect expansif sans cloisonnement avec ostéolyse (analysez le canal carotidien !), le « Trapped fluid petrous apex » présente un signal liquidien « non pur » avec respect des cloisons osseuses entre les cellules (avec parfois un hypersignal T1 en raison d’un liquide riche en protéines).

L’imagerie des sinus est fréquemment le siège de « leave me alone lesions ». Nous citerons le bien connu kyste sous muqueux.

Certaines variantes anatomiques telles que la Concha Bullosa, la cellule de Haller ou la déviation du processus unciné, peuvent parfois être obstructives des méats naso-sinusiens.

Enfin, nous insisterons sur le polype antrochoanal qui ne devra pas être confondu avec le pyocèle, l’aspergillose naso-sinusienne ou le papillome inversé. Le polype antrochoanal ne nécessite pas d’intervention chirurgicale en l’absence de symptôme.


Jérémy Dana
Paris