Marie Cassart (1) et Guillaume Gorincour (2) – (1) Hôpitaux Iris, Bruxelles, Belgique ; (2) Hôpital de la Timone Enfants, Marseille, France
L’apport diagnostique et pronostique de l’IRM fœtale est actuellement reconnu pour un large éventail de pathologies fœtales tant cérébrales que cervico-thoraco-abdominales et pelviennes. La majorité des centres travaille aujourd’hui avec des aimants de 1,5 Tesla (T). Toutefois, l’évolution technique se fait dans le sens d’une augmentation de l’intensité des champs magnétiques et de plus en plus d’aimants 3T sont accessibles au diagnostic prénatal.
Cette pratique réactualise : 1) des questions de sécurité pour les fœtus en termes d’élévation de température et de toxicité acoustique. 2) des questions concernant les avantages et les inconvénients en termes de qualité de l’imagerie.
IRM 3T et sécurité
Il est actuellement reconnu, après 30 ans de pratique clinique, que l’exposition d’une population fœtale et néonatale aux champs magnétiques de 1,5T n’a engendré aucun effet délétère. Toutefois, les hauts champs statiques (3T) de plus en plus utilisés peuvent être responsables d’une plus importante élévation de température et d’une majoration de l’intensité sonore. Le dépôt d’énergie dans les tissus (SAR), responsable de l’augmentation de température potentiellement nocive pour le fœtus, est calculé par la machine en fonction des paramètres choisis et du temps d’acquisition des images. En cas de dépassement de la valeur définie comme maximale (4W/Kg), quelle que soit l’intensité du champ magnétique, la machine interrompt l’examen. Cette valeur n’est jamais approchée en pratique clinique même à haut champ.
En termes de toxicité auditive, plusieurs études ont démontré que l’utérus gravide constitue une barrière acoustique efficace; de plus, des séquences dites « silencieuses » sont également disponibles sur les appareils afin de diminuer l’exposition au bruit. Le principe de précaution recommande toutefois la réalisation des IRM fœtales après 18 semaines d’aménorrhée (SA).
IRM 3T et qualité d’image
Les avantages de l’imagerie à haut champ sont l’augmentation du signal (linéaire avec l’intensité du champ magnétique) et donc du rapport signal/bruit. L’augmentation du champ magnétique améliore également la résolution spatiale et temporelle. Ces deux caractéristiques essentielles permettent la réalisation de coupes plus fines en réduisant le temps d’acquisition (Figure 1) ; deux avantages majeurs en imagerie fœtale qui concerne des structures de petite taille et potentiellement mobiles.
Les désavantages sont les inhomogénéités de champ, la majoration des artefacts de susceptibilité magnétique et la diminution du contraste en pondération T1. Ceux-ci peuvent être minimisés par l’utilisation du « shimming » qui déplace l’inhomogénéité en dehors de la région d’intérêt, ou en adaptant les TR pour augmenter le contraste T1. Les artefacts de susceptibilité magnétique peuvent toutefois être utiles dans les séquences en écho de gradient afin d’identifier des processus hémorragiques (T2*) de petite taille.
La spectroscopie, l’imagerie en tenseur de diffusion, la tractographie ou l’imagerie de perfusion sont encore peu utilisées en pratique courante pour explorer le cerveau fœtal en IRM du fait de la trop longue durée des acquisitions. Elles sont toutefois de réalisation plus rapide à haut champ, ce qui pourrait permettre leur utilisation en routine clinique dans un avenir proche, avec un important bénéfice en termes de précision diagnostique et pronostique.
Conclusion
L’imagerie fœtale à 3T est parfaitement adaptée à la pratique clinique. Elle améliore la qualité des images et ne semble pas majorer le risque pour le fœtus si elle est pratiquée en respectant les normes de sécurité validées pour les aimants de 1,5T.
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Séance scientifique
Séance de communications orales en radiologie pédiatrique - thorax abdomen et divers
09:30 - 10:45
Salle 352A