L’algoradiologie : une spécialité de la radiologie au service des patients douloureux

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L’algoradiologie : une spécialité de la radiologie au service des patients douloureux

Auteur(s) : 
Adrian Kastler

Adrian Kastler – Service de Neuroradiologie Diagnostique et Interventionnelle CHU Grenoble Alpes, Grenoble

Les études concernant la douleur, ses étiologies et les traitements possibles foisonnent dans la littérature. La notion de douleur chronique est devenue une priorité de santé publique, principalement à cause du retentissement de ces douleurs chroniques sur la qualité de vie, mais surtout et également de l’impact socio-économique qui en découle.

Dans l’arsenal thérapeutique à disposition des soignants, les procédures interventionnelles sont apparues au début du 19e siècle, avec la découverte des capacités neurolytiques/neurobloqueurs de certains agents comme la cocaïne ou l’alcool. L’essor de ces techniques dans la prise en charge de la douleur a eu lieu dans les années 1980, avec la démocratisation des méthodes de guidage radiologique, avec pour but ultime "aussi peu de douleur que possible" (F. Nietzsche). Les progrès dans le domaine de l’interventionnel antidouleur ont été réalisés grâce à la contribution de diverses disciplines, incluant l’anesthésie, la radiologie, la chirurgie, la réadaptation, la psychiatrie, la rhumatologie, l’épidémiologie, les soins infirmiers. La pratique de l’interventionnel antidouleur, bien que reconnue aux Etats-Unis comme une spécialité à part entière, n’est pas encore reconnue comme telle en Europe, où les praticiens interventionnels sont dispersés dans plusieurs disciplines (radiologie, anesthésie, rhumatologie, algologie). Le rôle de l’interventionnel antidouleur est devenu au fil des années très important dans la prise en charge globale car il présente un double intérêt, à la fois diagnostique et thérapeutique. Le succès des procédures interventionnelles dans la lutte contre la douleur au cours des deux dernières décennies ont fait du médecin interventionnel de la douleur un acteur à part entière dans l’approche multidisciplinaire de la prise en charge de la douleur, avec ou sans guidage radiologique. Ainsi, son rôle se transforme au cours du temps : progressivement, le radiologue est passé du diagnosticien grâce à l’image, au diagnosticien interventionnel au travers de l’image (biopsie entre autres), à un thérapeute à part entière. La possibilité de mettre l’image au cœur de la prise en charge active du patient algique est donc une des forces du radiologue. L’autre aspect très avantageux de ces techniques interventionnelles sous guidage radiologique est leur caractère percutané mini-invasif (aiguille de petit calibre) qui passe par la peau et le fait que la plupart d’entre elles sont réalisables sous anesthésie locale et donc en externe, sans hospitalisation.

De l’union de ces deux spécialités (algologie et radiologie) découle donc naturellement l’algoradiologie. Cette discipline a donc pour but d’utiliser l’imagerie comme outil de guidage de procédures à visée antalgique. Ainsi, cette sous-spécialité est basée sur l’association de techniques ou de procédures interventionnelles (infiltration, neurolyse, thermoablation, consolidation, cimentation), couplées à des moyens de guidage (fluoroscopie, échographie, scanner ou IRM). Elle s’applique dans des indications variées, telles que les pathologies bénignes (cervicalgies, rachialgies, douleurs de articulations, céphalées, douleur nerveuses) et les pathologies malignes (destruction tumorale, plexique et nerveuse). La radiologie étant un domaine en constante transformation, avec des techniques diagnostiques toujours plus innovantes, il est aisé d’imaginer que l’imagerie en tant qu’outil de guidage, offre de nombreuses solutions à ces patients douloureux (fig. 1). À ceci s’ajoute l’innovation technologique des procédures antalgiques elles-mêmes, que les algoradiologues ont développé dans les douleurs réfractaires aux traitements classiques et qui ne cessent de progresser. L’association du médecin radiologue et des outils qui sont à sa disposition font de lui un acteur majeur de la prise en charge de nombreuses pathologies douloureuses, s’étendant du diagnostic de la condition algique jusqu’à sa prise en charge thérapeutique.

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Figure 1. Neurolyse du ganglion sphénopalatin. Exemple d’une neurolyse du ganglion sphénotpalatin chez un patient âgé de 47 ans souffrant d’algie vasculaire de la face. Mise en place d’une aiguille dans la fosse sphénopalatine (A, tête de flèche blanche), en passant sous l’arcade maxillaire. Injection du produit de contraste (B, cercle blanc) qui conforme la diffusion sur la zone ciblée, au niveau du ganglion sphénopalatin. Le patient a bénéficié d’une amélioration de ses algies faciales dès le lendemain du geste.

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Séance pédagogique

Douleurs pelviennes et traitement interventionnel

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Salle Passy (Niv 1)

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