Interview du Professeur Sylviane Hanquinet

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Interview du Professeur Sylviane Hanquinet

Par ses compétences, Sylviane Hanquinet a développé l’imagerie pédiatrique à l’hôpital universitaire des enfants de Genève et a été à l’origine de la création d’un plateau technique complet dédié à l’enfant. Tout en restant un radiopédiatre général, son investissement clinique et en recherche s’est concentré sur la neuro-imagerie pédiatrique et le développement de l’échographie. Elle a récemment contribué au développement de l’élastographie hépatique chez l’enfant. Elle concourt également à la reconnaissance de l’imagerie post-mortem fœtale et pédiatrique. Le Pr Professeur Sylviane Hanquinet a toujours participé au rayonnement de la radiologie et de l’imagerie pédiatrique par son implication au sein de nombreuses sociétés savantes et par l’organisation de congrès scientifiques internationaux. Pour ses travaux scientifiques et son investissement personnel international, la SFR est fière de lui remettre la médaille d’honneur de notre Société.

 

Quelques mots sur votre relation avec la radiologie française, et plus particulièrement avec la SFR ?

Dès ma première année d’internat en radiologie à Bruxelles, j’ai eu la chance de me rendre aux JFR et de faire connaissance avec le monde francophone de la radiologie et plus particulièrement de la radiopédiatrie, ayant choisi d’emblée d’exercer cette spécialité. À l’époque, la radiopédiatrie francophone était représentée par le Groupe Jacques Lefebvre et j’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer le Pr Sauvegrain, autre pionnier de notre discipline. J’ai été séduite par ce milieu professionnel au sein duquel régnait une collaboration scientifique forte, mais aussi une fraternité inhabituelle.

Les JFR : que représentent-elles pour vous?

L’enseignement dispensé lors de ces journées est toujours de haute qualité et cette formation continue est très appréciée par tous les radiologues francophones. Avec les années, ce congrès a pris une ampleur considérable et je veille à y envoyer régulièrement des membres de mon équipe. Il me permet aussi de rester en contact avec de nombreux collègues, consolidant des liens professionnels mais aussi d’amitié.

Vos responsabilités au sein de la Société suisse de radiologie pédiatrique ?

En Suisse, nous avons notre petite Société de radiopédiatrie (SSRP) qui intègre son congrès au congrès national de la Société Suisse de radiologie (SSR). J’ai pendant plusieurs années représenté la radiopédiatrie au sein du bureau scientifique responsable du congrès annuel de cette société. D’autre part, je fais partie des examinateurs pour l’obtention du diplôme de radiologie mais également pour le diplôme de radiopédiatrie, sous-spécialité reconnue en Suisse à part entière, l’ensemble de ces examens étant organisé par la Société de radiologie.

J’appartiens à la génération des radiologues qui a vécu le développement des différentes modalités d’imagerie explorant tous les organes. La radiopédiatrie permet et exige aussi une connaissance large, ce qui en fait un domaine passionnant, en évolution constante. Je ne peux qu’encourager les jeunes radiologues à s’intéresser à cette surspécialité et je fais de mon mieux pour leur transmettre mon enthousiasme.

 

Quelques mots sur l'Intelligence Artificielle en imagerie (thème principal du JFR 2019) ?

Comme partout, l’IA en imagerie fait son chemin en Suisse. Nous devons, en tant que radiologues, nous y intéresser et l’utiliser comme un outil supplémentaire pour nous décharger des tâches chronophages et nous permettre de consacrer plus de temps à la réflexion et l’analyse des dossiers médicaux. Il faut être attentif aux développements des multiples logiciels commerciaux et s’assurer de la garantie de l’anonymisation des données car l’IA en imagerie nécessite des bases de données impressionnantes pour être fiable.

Selon vous, quels sont les enjeux pour les années à venir?

L’avenir de la radiologie est en mutation et l’imagerie qui sera pratiquée demain n’aura plus rien à voir avec celle que nous avons apprise à l’université. Il est important que les jeunes radiologues maîtrisent toutes ces techniques pour en rester les artisans-experts face aux autres disciplines médicales, mais il est aussi fondamental qu’ils restent avant tout des médecins avec un sens clinique développé. La médecine ne se limite pas à nos écrans : rappelons qu’Hippocrate a enseigné à ses élèves l’observation et l’analyse des symptômes de chaque patient. La radiopédiatrie en ce sens reste avant tout une discipline clinique, le dialogue et le contact avec l’enfant et ses parents, fondamentaux de notre spécialité, ne relevant heureusement pas de l’intelligence artificielle.