Imagerie cérébrale néonatale

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Imagerie cérébrale néonatale

Auteur(s) : 
Baptiste MOREL

Baptiste Morel – Radiologie Pédiatrique, Hôpital Clocheville, CHU de Tours

L’IRM est un outil extrêmement performant pour l’exploration du cerveau néonatal. L’immobilité requise du nouveau-né est obtenue facilement après la prise d’un biberon aidée d’une contention légère. Une adaptation des séquences d’imagerie est indispensable afin de répondre aux contraintes techniques liées au développement cérébral : petite taille des structures, nécessitant un compromis entre la résolution spatiale et le temps d’acquisition, contraste « inversé » de la substance grise et de la substance blanche comparativement à l’enfant ou à l’adulte, dû au processus de myélinisation se terminant vers l’âge de 2 ans.

Les prématurés sont particulièrement concernés par l’IRM réalisée à terme corrigé, dépistant des anomalies plus subtiles que celles visualisées lors d’une échographie transfontanellaire. Les séquences anatomiques classiques permettent le diagnostic des principales pathologies du prématuré : des lésions hémorragiques des ventricules latéraux, à l’atteinte ischémique de la substance blanche périventriculaire de la leucomalacie périventriculaire. La présence de certains hypersignaux diffus de la substance blanche (DEHSI) reste à élucider. Les principales malformations liées à une anomalie de la giration sont également davantage décelables.

Avec l’amélioration des logiciels de post-traitement, en particulier avec les avancées de l’« intelligence artificielle », il est désormais possible d’extraire une multitude d’informations supplémentaires de ces IRM. Des segmentations cérébrales automatisées quantifient les volumes des noyaux gris centraux, du cortex, de la substance blanche, du cervelet, directement corrélés à l’évolution neurodéveloppementale. Des segmentations de plus en plus précises, tenant compte de la topographie et de latéralisation, se développent. Par exemple, on observe des anomalies focales de développement cortical chez les nouveau-nés prématurés ; la topographie de l’atteinte de la substance blanche, en particulier frontale, sont des éléments pronostiques importants.

Les séquences « avancées », de tractographie de diffusion de fibres de la substance blanche, mettent en évidence des variantes chez les très grands prématurés : modification de la fraction d’anisotropie des bras postérieurs de la capsule interne ou des radiations optiques. À l’inverse, certaines structures comme le corps calleux ont un développement identique quelle que soit la sévérité de la prématurité. Les temps de relaxation T1 et T2 du parenchyme cérébral sont intéressants pour l’estimation et le suivi de la maturation cérébrale.

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Figure 1. Exploration cérébrale à 1.5 T à l’âge de terme équivalent d’une prématurée née à 27 semaines d’aménorrhée. A: coupe axiale TSE T2. B: segmentation automatisée des principales structures cérébrales. C: étude quantitative des hyperintensités diffuses de la substance blanche périventriculaire, nommées DEHSI en anglais. D: cartographie couleur de la fraction d’anisotropie, à partir d’une séquence de tenseurs de diffusion.

Pour résumer, l’IRM cérébrale du prématuré est pertinente pour analyser plus finement certaines anomalies du parenchyme cérébral. Et, à lésion égale, les symptômes cliniques diffèrent : il existe probablement des mécanismes de compensation. Le challenge des radiopédiatres est donc de prévoir l’évolution neurodéveloppementale. Aucune structure formellement identifiée à ce jour n’est un facteur pronostique robuste. Mais des indicateurs prédictifs devraient émerger dans les prochaines années, afin d’améliorer encore le suivi clinique de ces enfants.

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Séance pédagogique

Spécificités de la prise en charge pédiatrique en IRM

16:00 – 17:30

Salle 352B (Niv 3)

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