Diagnostic opportuniste de l’ostéoporose

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Diagnostic opportuniste de l’ostéoporose

Auteur(s) : 
Daphne Guenoun
Valérie Bousson
Pierre Champsaur
Alain Blum

Daphne Guenoun1, Valérie Bousson2, Pierre Champsaur3, Alain Blum4, – 1. APHM, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille. 2. APHP, Hôpital Lariboisière, Paris. 3. APHM, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille. 4. Hôpital Central, Nancy

L’ostéoporose est une maladie squelettique progressive, silencieuse, liée à l’âge, caractérisée par une faible masse osseuse et des altérations microarchitecturales entraînant une fragilité osseuse et une susceptibilité à la fracture accrue. Cette pathologie fréquente est un problème de santé publique, car le nombre de décès dans l’année qui suit une première fracture est élevé, et la qualité de vie des patients diminuée. Le diagnostic et le traitement précoce de l’ostéoporose sont la clef pour éviter les fractures ; cependant, cette pathologie demeure nettement sous-diagnostiquée et sous-traitée.

Actuellement, presque la moitié des femmes ménopausées n’ont jamais eu de mesure de la densité minérale osseuse (DMO), et plus de 80% des personnes atteintes d’une fracture par insuffisance osseuse n’ont pas eu de mesure de la DMO ni de traitement médical afin diminuer le risque de fracture. L’absorptiométrie à rayon X (DXA), ou ostéodensitométrie de la hanche et du rachis lombaire, est considérée comme la technique de référence pour le diagnostic de l’ostéoporose mais reste sous-utilisée. De plus, au moins 50 % des fractures liées à l’ostéoporose surviennent chez des patients qui ne présentent pas d’ostéoporose en DXA.

Plus de 4 millions de tomodensitométries (TDM) ou scanners ont été réalisés en France en 2015, dont la plupart pourraient contenir des renseignements utiles sur la DMO. L’exploitation des données contenues dans des examens de tomodensitométrie, commandés pour d’autres indications, pour approcher la DMO et dépister les patients à risque de fracture, ne nécessite aucun coût supplémentaire, temps du patient, équipement, logiciel ou exposition au rayonnement, et ces données peuvent être acquises rétrospectivement. C’est pourquoi la « TDM opportuniste » est une nouvelle approche pour détecter des patients à risque de fracture ostéoporotique et qui pourraient bénéficier d’un traitement pharmacologique.

Plusieurs études monocentriques rétrospectives se sont intéressées à la mesure de la radiodensité osseuse en unité Hounsfield lors des TDM opportunistes et ont trouvé une sensibilité comparable à la DXA pour détecter la perte de masse osseuse. Mais il existe de nombreux facteurs liés aux scanners qui influent sur la mesure osseuse, comme le fabricant et le modèle du scanner, l’étalonnage du scanner, la largeur du faisceau collimaté et le protocole de balayage (p. ex., kV, épaisseur de la tranche, algorithmes de reconstruction). À ce jour, il n’existe pas d’étude prospective ni d’étude multicentrique permettant de valider définitivement cette méthode, ce qui peut expliquer qu’elle ne soit pas utilisée dans la pratique courante. Néanmoins, les études disponibles convergent pour dire que si la densité UH est inférieure à 100 UH, la patiente a un risque élevé d’ostéoporose.

Le diagnostic opportuniste de l’ostéoporose par mesure de la densité UH de la vertèbre L1 est un outil simple et efficace, accessible à tous les radiologues (fig. 1). Cette mesure devrait être intégrée dans le compte rendu du patient, au même titre que les fractures ostéoporotiques doivent être signalées.

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Fig. 1. Exemple de mesure de la densité minérale osseuse (DMO) de la vertèbre L1 en unité Hounsfield sur des scanner abdominaux. La ROI est placée dans la partie antérieure de la vertèbre en prenant soin d’éviter les corticales et le hile vertébral. A: chez une patiente de 32 ans, la densité est mesurée à 174 UH en moyenne; B: chez une patiente de 71 ans, la densité est mesurée à 88 UH en moyenne.

Des outils d’intelligence artificielle devraient voir le jour dans un futur proche afin d’automatiser cette mesure et la faire apparaître systématiquement dans les comptes rendus de scanner des patients. Grace à nos technologies toujours plus puissantes, nous avons les moyens de détecter les fractures et les DMO basses, encore faut-il que ce dépistage débouche sur une prise en charge rhumatologique et une observance thérapeutique des patients.

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Séance de communications orales en imagerie ostéoarticulaire

14:00 – 15:30

Salle 241 (Niv 2)

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