Au début des années 1900, la médecine tunisienne était rudimentaire et l’assistance médicale très réduite. Au lendemain de l’Indépendance, la Constitution a donné le droit à l’enseignement et à la santé pour tous. Pour ce faire, plusieurs actions ont été entamées :
- La création de 4 facultés de médecine dès 1964, d’hôpitaux universitaires et des écoles pour manipulateurs d’abord publiques, puis publiques et privées. La radiologie, spécialité complexe était enseignée en 4 années au début puis est passé à 5 années. Le développement de spécialités au sein de la discipline a émergé depuis plusieurs années avec des services hospitaliers de plus en plus spécialisés. Le volet thérapeutique de la discipline a également évolué par le développement de la radiologie interventionnelle. De nombreux services s’y spécialisent et de nombreux spécialistes tunisiens des secteurs public et privé pratiquent quotidiennement ces techniques. La radiologie a donc connu une évolution sans conteste. D’une dizaine de radiologues en 1970, nous recensons 750 radiologues en 2017 mais plus du quart sont à l’étranger. La Société Tunisienne de Radiologie, créée en 1952, par le fondateur de la radiologie feu Pr Ali Fourati, est la première société savante tunisienne de médecine spécialisée. Elle a pour objectif d’assurer régulièrement des EPU pour les radiologues, de multiplier les enseignements, séminaires, congrès et d’assurer les échanges avec les sociétés savantes tunisiennes, maghrébines et étrangères. La formation tunisienne en radiologie est de nos jours reconnue au-delà de nos frontières et est d’un niveau international incontestable, le nombre de médailles et de distinctions françaises, européennes, d’Amérique du nord et internationales aux radiologues tunisiens en témoigne
- Une réglementation rigoureuse appliquée à différents niveaux pour garantir qualité et sécurité en matière de radiologie. La création du centre national de radioprotection CNRP en 1971, l’un des premiers en Afrique et dans les pays arabes a assuré sous l’égide du Ministère de la Santé Publique le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Tunisie et constitue ainsi l’instance nationale qui assure l’application de la réglementation, qui date de 1981. C’est ainsi qu’il existe dans notre pays la règle des 3 permis : celui d’acquérir, d’installer et d’utiliser du matériel à rayons X toujours sous la responsabilité d’un radiologue diplômé. Toutes ces dispositions ont pour conséquence l’existence d’un plateau technique de qualité. Nous comptons aujourd’hui plus de 175 scanners dans les secteurs libéral et public, près de 55 machines d’IRM et un pet-scanner.
- La multiplication des bourses de formation de médecins tunisiens à l’étranger souvent en France et visant l’ouverture des spécialités sur les expériences étrangères. En effet, l’implication des spécialistes tunisiens dans les expériences étrangères a pu assurer l’introduction des techniques les plus récentes aussi bien dans le secteur libéral que dans le secteur public. En échographie, l’Ecole Tunisienne s’est distinguée dès les balbutiements de cette technique, vers le début des années 80 par la qualité de ses radiologues et l’importance de leurs travaux connus à l’échelle internationale.
- Le développement de la téléradiologie entre certains centres hospitaliers et des hôpitaux dans des zones reculées est en marche. L’évolution favorable de la densité médicale n’a pas concerné équitablement toutes les régions du pays. Si les avancées et acquis sont là, la radiologie tunisienne doit être améliorée :
- La réglementation nécessite plus de contrôle.
- Le développement des spécialités d’organes.
- T’amélioration des équipements et l’introduction de techniques nouvelles.
- Le renforcement des effectifs et des moyens matériels, notamment dans le secteur public, formateur et seul garant de la qualité de formation de nos étudiants.
- Le renforcement de la FMC.
La radiologie Tunisienne doit beaucoup à ses pionniers et surtout à la coopération Internationale et en particulier Française toujours présente. L’association Franco-Tunisienne de Radiologie y est pour beaucoup avec des échanges enrichissants et une coopération florissante.
Le départ de plus en plus important de nos radiologues vers l’étranger, la France, l’Allemagne, le moyen Orient, le Canada, les Etats-Unis d’Amérique et d’autres est une source de fierté pour nous mais pose le problème du vide que laisse les partants dans les secteurs privé et surtout public moteur essentiel de la formation.
Pr Lamia Rezgui Marhoul
Présidente de la Société Tunisienne de Radiologie