Le domaine des produits de contraste a encore connu des nouveautés en 2018, alors que nous utilisons ces molécules depuis plus de vingt ans. Pour les produits iodés, les nouvelles recommandations de l’ESUR viennent redéfinir les groupes à risque de tubulopathie induite, avec un seuil de débit de filtration glomérulaire abaissé à 30 ml/min pour l’hydratation et l’arrêt de la metformine. Ces nouvelles recommandations audacieuses seront présentées et discutées avec des collègues néphrologue et diabétologue au cours de la séance du CIRTACI ce dimanche à 8h30, en salle 352A.
Le grand débat concerne la diminution de la dose de produit injectée, permettant de faire des économies d’échelle. Il est exact que les nouvelles machines de scanner X permettent un échantillonnage temporel très rapide et surtout que les techniques spectrales permettent une meilleure sensibilité au produit de contraste. La diminution de dose dans les indications d’angiographie est donc pertinente, mais dans les autres indications, le rehaussement parenchymateux dépend de la dose d’iode par kilo de poids corporel. La diminution de dose doit donc être évaluée au cas par cas par les sociétés d’organe avant de préconiser systématiquement une réduction du volume, pour ne pas risquer de diminuer la performance diagnostique de nos examens.
L’agence européenne du médicament (EMA) a donné ses conclusions finales dans la procédure de pharmacovigilance sur la présence d’hypersignaux cérébraux en IRM après injections multiples de chélates de gadolinium. En Europe, les agents de contraste linéaires ont été retirés du marché début 2018, à part le Multihance et le Primovist, qui sont maintenus dans des indications hépatiques. L’EMA insiste sur la validation du rapport bénéfice/risque de l’injection de chélates de gadolinium, même avec les macrocycliques. Là aussi, les sociétés d’organe ont un rôle à jouer dans la définition des critères d’injection lors de la surveillance de pathologies chroniques (SEP, Crohn, mutation BRCA1…).
Enfin, la dernière nouveauté dans le domaine des produits de contraste est l’apparition de produits génériques, qui bouleverse nos habitudes d’associer systématiquement un produit de contraste à un laboratoire. Le pharmacien d’officine va pouvoir systématiquement proposer un produit générique et les centrales d’achat hospitalières vont probablement observer une compétition forte sur les prix dans les appels d’offre. Les radiologues utilisent peu de médicaments (les produits de contraste), qui sont répartis entre quatre laboratoires dans le monde. Espérons que l’arrivée des génériques n’aura pas comme conséquence de diminuer les interactions laboratoire/radiologues dans les domaines de la recherche, de la formation et de la sécurité d’utilisation.
Olivier Clément
Hôpital Européen Georges Pompidou
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Produits de contraste iodés en scanner et tolérance rénale. Les nouvelles recommandations de l’ESUR