Radioprotection : le projet E.C.T.O.P.I.C.

Photo ECTOPIC

Radioprotection : le projet E.C.T.O.P.I.C.

Le projet E.C.T.O.P.I.C (Exposition du cristallin en tomodensitométrie pediatrique du crane) a été conçu au printemps 2017. La première étape consistait a de trouver un financement. Nous avons rédigé un dossier de candidature pour le prix SFR-AFPPE qui récompense chaque année un projet de recherche paramédicale. En octobre 2017 nous étions lauréats, ce qui nous nous a permis de lancer le projet avec un financement de 2000 euros.

La dosimétrie au cristallin est un enjeu important en radioprotection. Organe réputé sensible, sa protection est d’autant plus importante chez le sujet jeune du fait de sa sensibilité augmentée. La limitation de la dose délivrée au niveau des cristallins chez l’enfant lors d’examens tomodensitométriques (TDM) intéressant le crâne s’intègre dans la politique d’optimisation du risque en imagerie diagnostique. Il est donc nécessaire d’étudier tous les moyens d’optimisation afin d’adapter nos pratiques en termes de radioprotection. C’est dans ce contexte que le projet ECTOPIC trouve sa place.

Les examens scanographiques ne représentent que 11% de l’ensemble des expositions médicales, mais cela équivaut à 67% de la dose totale reçue par la population. Par ailleurs, les TDM du crâne correspondent à 45% des scanners réalisés entre 0 et 15 ans. Une hélice unique pour un TDM du crâne délivre environ 0,03Gy ; le seuil limite d’irradiation du cristallin étant fixé à 0,5 Gy, il faudrait 16 scanners crâniens pour atteindre ce seuil. La question du cumul de dose se pose.

A l’heure actuelle, il existe deux moyens de réduction de dose pour le cristallin : Les caches oculaires au Bismuth et La Modulation de Dose à l’Organe (ODM).

De nombreux articles ont traité de la réduction de la dose au cristallin grâce à l’utilisation de caches au bismuth et ont prouvé leur efficacité sans altérer la qualité d’image. L’utilisation des ODM a également été étudiée, mais nous n’avons pu obtenir de données concernant la région du crâne.

Notre étude est l’occasion de combiner à la fois l’usage des caches oculaires et de l’ODM, afin de quantifier l’apport réel en termes d’optimisation de la dose délivrée au cristallin pour chacune de ces techniques. Par ailleurs, la réalisation d’une étude sur patient et non sur fantôme permet une meilleure évaluation de la qualité d’image et des éventuels artéfacts.

Il s’agit là d’une étude pilote comparative observationnelle monocentrique en 4 groupes séquentiels. Elle sera réalisée à l’hôpital Pellegrin à Bordeaux sur les vacations pédiatriques de l’unité de tomodensitométrie. Elle comportera un groupe témoin, deux groupes étudiant indépendamment l’un de l’autre les caches oculaires et les ODM et enfin un groupe réunissant les deux techniques. Les groupes seront composés d’enfants volontaires âgés de 5 à16 ans.

Depuis l’attribution du prix SFR, nous avons constitué un dossier pour obtenir la promotion du CHU de Bordeaux et soumettre le protocole au Comité de Protection des Personnes (CPP) ; Celui-ci vient de rendre un avis favorable. Nous sommes donc heureux de pouvoir enfin mettre en place l’étude clinique au 15 octobre prochain. Nous espérons pouvoir publier nos résultats d’ici un an.


Tom SKLADANEK
Manipulateur d’électroradiologie médicale - Investigateur principal de l’étude
Unité de Scanner- Centre Hospitalier PELLEGRIN - CHU de Bordeaux

Marie ERESUE-BONY
Physicien médical - Coordonnateur scientifique de l’étude
Direction Qualité et Gestion des Risques - CHU Bordeaux

Jean-François CHATEIL
PUPH - Chef de service – Coordonnateur médical de l’étude
Service de Radiologie et d’imagerie anténatale, de l’enfant et de la femme -CHU Bordeaux